samedi 18 septembre 2010

De l'autre côté de l'océan ...

Extraits choisis « Bout de Bois »
Jean CAGNARD – Editions du Bonhomme Vert

« Le jour se lève. On découvre lentement le monde. Le radeau est échoué sur une plage. On comprend à son état qu’il ne repartira plus. Pourrait même plus traverser un évier : chères aventures… »

« Enroulé dans ce qu’il reste de voile, Bout de Bois dort le plus longtemps qu’il peut. Peut-être parce que c’est une plage un peu particulière. Peur d’ouvrir les yeux. En effet, horreur, il y a une salle de classe installée sur le sable : des tables d’où dépasse du foin, des chaises, un tableau avec un  râtelier à foin sur lequel est dessiné un âne… sur quelle île sommes-nous donc ? »

« Mais il y a des affrontements qu’on ne peut retarder plus longtemps »

Petite leçon de mémoire :
Les Uros sont un peuple nomade qui s’est réfugié sur le lac Titicaca. Ils vivaient de la pêche… avec pour seuls ports leurs îles flottantes construites de roseaux (la totora). Les Aymaras les surnommèrent les « hommes du lac » et les considéraient comme des voleurs et des paresseux. On raconte que lorsque les incas établirent leur domination dans la région, ils commencèrent par déplacer les Uros vers d’autres terres. Mais découragés par leur « incapacité à travailler la terre», ils finirent par les « parquer » dans leurs îles d’origine. Ce peuple s’est éteint durant la première moitié du XXème siècle (la dernière survivante est morte en 1959).

Et pourtant ces îles semblent aujourd’hui encore peuplées ! Qui sont ces hommes, ces femmes et ces enfants ? Les indiens qui vivent aujourd’hui sur les îles flottantes sont des descendants métissés d’Uros, d’Aymaras et de Quechua. Le maire de Puno a invité les habitants des îles a venir « s’amarrer » dans la baie de la ville… Pour les besoins du tourisme, les habitants des îles continuent aujourd’hui de se présenter comme des Uros…

La visite de ces îles nous procure un sentiment étrange, à la fois charmés par ces images connues du monde entier… et bouleversés par ces hommes, ces femmes et ces enfants prisonniers d’une culture aujourd’hui éteinte. Nous apprendrons aussi que les eaux de la baie sont polluées, que les poissons deviennent rares et que l’eau n’est plus potable… Les mots de Michel ONFRAY résonnent dans ma tête « au commencement du nomadisme, on rencontre la sédentarité »… Les habitants des îles reprendront-ils un jour le voyage ? Contrainte ou liberté ?

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