vendredi 31 décembre 2010

Les voeux... une vague d'espérance face à l'inquiétude

« C’est en s’engageant que l’on devient homme... que l'on devient femme»… Quels meilleurs vœux pouvions nous espérer en cette fin de décennie ? Très belle soirée à tous les lecteurs. Ne veillez pas trop tard… demain le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt !


Mes chers compatriotes,

La première décennie de notre siècle s'achève aujourd'hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l'Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale. Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. A la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient – les Palestiniens auraient droit à un Etat sous deux ans. Echec sur toute la ligne! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l'eau, l'air la terre et la lumière? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.

Les motifs d'indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous! – qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s'adresse –, c'est quelque chose qui me touche profondément. De quoi faut-il donc que ces jeunes s'indignent aujourd'hui? Je dirais d'abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l'avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s'entendre pour maîtriser l'économie au bénéfice des peuples, même s'ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l'histoire, ces Nations Unies auxquelles pourraient être confiées d'un commun accord l'autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.

Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s'ouvre demain peut et doit obtenir. Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m'écoutent. Qu'ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre "Leurs crises, nos solutions", sur Edgar Morin et son dernier tome L'Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu'il est possible d'obtenir.

N'attendons pas. Résistons à un président dont les vœux ne sont plus crédibles.

Vivent les citoyens et les citoyennes qui savent résister!

Stéphane HESSEL, vœux de résistance pour 2011

Le sang des promesses

Vous avez écrit que « la parole est le lieu de la folie ». Ce sera encore le lieu de la folie dans Ciels ?
Plus que jamais parce que l’espace de la parole libre est de plus en plus réduit. Ceux qui veulent délirer par la parole sont en train de devenir fous et donc comment peuvent-ils échapper à cela dans leur parole ?

La folie quotidienne du monde actuel ne rend-elle pas la folie de la parole moins efficace ?
Nous sommes entrés dans un rapport monstrueux aux rêves. Le délire est entré même dans la science, dans la mécanique de la science, à un niveau effarant. Nous abattons un million d’animaux par heure pour nourrir, habiller et maquiller trois cent millions d’habitants. C’est un rapport au sacrifice qui n’a jamais existé dans l’histoire. Cette folie, ce délire n’est donc pas de même nature que la folie de la parole.

Pour lire l’intégralité de l’interview de Wajdi MOUAWAD, cliquez ici  Le sang des promesses

jeudi 30 décembre 2010

... Comment on dit déjà ... ?

Bon âne et bonne santé ...???...
J'hésite...
Bonne à nez ...???...
Bonnets à nez ... tiens ça pourrait servir ça !
Beaux à nez ...
Bonne sans T
Bon sang t'es ... bon âne et... trop bonne poire
 
Décidémment, je ne vais pas y arriver !
 
Une bonne soirée... tout simplement
... Pour un bon début
 
Eh bien voilà qui me plaît!
 
Et rien de plus simple à vous souhaiter...
 
Très beaux lendemains !
 
Tinette

La nuit où les hôtels affichaient "complet"

Extraits choisis d’un conte de Moacyr Scliar

Le couple arriva en ville tard dans la soirée. Au terme d’un voyage fatigant… éprouvant. Elle, enceinte, ne se sentait pas bien. Ils se mirent à chercher un endroit où passer la nuit. Hôtel, auberge, tout leur était bon, pourvu que ce ne soit pas trop cher.

Pas facile, ils allaient bien vite s’en rendre compte. Au premier hôtel, le gérant, un homme malgracieux, leur dit tout de suite qu’il n’y avait pas de place. Au deuxième, le réceptionniste dévisagea avec méfiance le couple et décida de demander leurs papiers.

… Ils ne les avaient pas… ils étaient partis si vite … ils venaient de si loin…

…Ils continuèrent à chercher… pas à pas… portes après portes… Mais comment prétendre obtenir une chambre dans un hôtel si vous n’avez pas de papiers ?

Vers minuit, ils crurent avoir réussi. Le gérant attendait un couple d’artistes connus, qui voyageaient incognito. Quand les voyageurs se présentèrent, il crut que c’était les hôtes qu’il attendait et il dit que oui, la chambre était prête. Et il se fendit même d’un compliment…

-         excellent, votre déguisement !
-         quel déguisement ?
-         ces vieilles nippes que vous portez
-         ce n’est pas un déguisement, ce sont nos vêtements

…alors l’hôtelier hésita…

-         Je regrette beaucoup, j’ai cru que j’avais une chambre libre, mais il semble qu’en fait elle soit déjà réservée.

…Le couple s’apprêtait à repartir quand l’hôtelier d’un ton moqueur…

-         Près d’ici, il y a un abribus, pourquoi ne pas y loger ?

…A sa grande surprise, le voyageur trouva que c’était une bonne idée et le remercia. Et le couple alla s’installer… Peu de temps après apparurent les Trois Rois Mages, à la recherche d’un couple d’étrangers. Et c’est alors que l’hôtelier commença à comprendre qu’il avait peut être perdu les hôtes les plus importants jamais vu dans les parages…

dimanche 19 décembre 2010

Congés Anoël

Chers lecteurs, amis baroudeurs abonnés au BarAtteint,

Tinette part quelques jours bouquiner au fond des bois. Le BarAtteint sera donc fermé pour cause de congés Anoël ! J’entends d’ici le lectorat s’offusquer d’une fermeture si rapide… Alors que certains viennent juste d’atteindre le bar… Il va peut être me falloir, avant de partir, modérer les commentaires …

Hoplà, comme on dit par chez nous … On s’en jette une petite dernière ? Et puisque la volaille est de saison, je vous mets « Poulailler’s Song » d’Alain Souchon !

« Dans les poulaillers d’acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation,
D’la volaille qui fait l’opinion,
Qui disent,
On peut pas être gentils tout l’temps,
On peut pas aimer tous les gens
Y’a une sélection c’est normal
On lit pas tous le même journal

Mais comprenez moi !
C’est une migraine… »

Joyeux Noël le lectorat …
C’est de saison, les anges sont dans nos campagnes …!

Pour les égarés de passage, je laisse une clef derrière le volet. Il reste un peu d’eau au robinet et vous trouverez du thym dans la cour. N’oubliez pas de vous essuyer les pieds avant d’entrer… Avec toute cette neige…!

A très bientôt

La patronne du BarAtteint, établissement sélect pour tous ceux qui ont du bagout, un peu de goût ou pas du tout… Peu importe qu’ils aient des poux… Au BarAtteint on vient dire ses maux et ses mots doux… et puis c’est tout.

vendredi 17 décembre 2010

Intégration, innovation et développement culturel

Ce billet est une réponse à Sisyphe qui nous interroge sur l’attractivité durable.  Comment la stimuler par l'innovation et la créativité ?

Le domaine culturel n’est pas celui qui m’occupe… et pourtant nos questionnements finissent toujours par se croiser. Je propose donc à Sisyphe de lui répondre au travers d’une lecture urbaine de la mobilité. La mobilité sociale et culturelle dans la ville.

Incontestablement, nos villes sont aujourd’hui innovantes, et notamment sur les questions de mobilité. Pour mémoire :
-         la mobilité autrement
… et accessoirement le premier tram train de France a été inauguré il y a quelques jours !

Le cas choisi est celui de la ville de Bruxelles qui a engagé une étude sur les déplacements et l’appropriation spatiale des jeunes de trois quartiers (l’un défavorisé, l’autre chic et le dernier intermédiaire). Lors de cette enquête, il leur a été demandé de dessiner sur une carte « leur » Bruxelles : leur perception de la ville, ce qu’ils en connaissent et comment ils la pratiquent. Un diagnostic en marchant en quelque sorte. La lecture des cartes résultant de cette étude est particulièrement intéressante.

La Bruxelles vécue par les jeunes d’Anderlecht (quartier défavorisé)

La preuve par l’image… Les jeunes d’Anderlecht sont cloisonnés à leur quartier. A ce cloisemment géographique s’ajoute un cloisonnement « socio-culturel ». Les jeunes du quartier citent 26 « hobbies »… dont seulement 2 culturels. Piscine, foot ou encore pause au snack se taillent la part belle du gâteau. Et c’est dans la rue ou au parc que l’on joue au ballon, pas au club.


La Bruxelles vécue par les jeunes de Woluwe (quartier chic)

La preuve par l’image ? Pas si sûr… Certes les jeunes de Woluwe ont une pratique plus large et plus diversifiée de leur ville. Pour autant, cette capacité à la mobilité fait-elle preuve d’une capacité à s’intégrer ? Si l’on en croit les témoignages de ces jeunes, nous sommes loin du compte… Je n’en site qu’un, celui de P. 17 ans, musicien, qui se dit « citoyen du monde ». Il n’hésite pas à traverser la ville pour jouer du ska, du rock, du punk… Mais pour aller dans la Bruxelles populaire, son père le conduit. « J’ai mon ampli et ma guitare. J’aime pas trop prendre le métro dans ce coin là… ». Le métro de Bruxelles passe pour un des plus sûr du monde, mais qu’importe : l’adolescent a peur. Il précise : « c’est vrai que la délinquance, pour moi, en fait, c’est quand je sors et que je vois des étrangers » … La preuve par l’exemple, la capacité à la mobilité n’est pas preuve d’intégration, je veux dire par là d’acceptation de la différence. Et pourtant les adolescents de Woluwe ont des activités socio-culturelles bien plus riches. En moyenne, ils citent 41 « hobbies » (contre 26 pour les adolescents des quartiers défavorisés), et plus de la moitié de leurs « hobbies » sont culturels.

Mais ce qu’il y a d’alarmant, c’est que ces mobilités différentes semblent se reproduire dans l’imaginaire, et la façon dont les jeunes se projettent dans l’avenir. Dans les quartiers défavorisés, les adolescents ont tendance à choisir leur formation en fonction non pas de leur envie, mais des offres de l’école proche de chez eux. A contrario, ceux des quartiers chics s’imaginent à Londres, à New York ou toute autre ville rêvée du monde. S’ils restaient à Bruxelles, disent-ils, ils auraient l’impression de ne pas avoir évolué.

Triste paradoxe n’est-ce pas ? Alors que l’étranger fait peur quand il partage les mêmes trottoirs, les mêmes couloirs de métro, les mêmes salles de classe de l’enfance et l’adolescence… Il fait rêver quand on se projette vers l’avenir… Rêver ou fantasmer d’ailleurs ? Le métro de Londres ou de New York est-il réellement plus sûr que celui de Bruxelles ?

Faire la ville, c’est faire société. Et pour faire société, il faut que chaque citoyen puisse participer à la vie de sa cité. Comment faire cette ville, cette société, plus équitable si ceux qui en ont les moyens ne jouent pas le jeu des choix sociétaux qu’ils revendiquent pour les générations futures ? Nous sommes un certain nombre, dans nos métiers, à penser qu’il faut anticiper l’avenir. Nos actions d’aujourd’hui ne doivent pas simplement répondre à l’urgence, mais s’inscrire dans le temps et anticiper les changements sociétaux qui nous seront nécessaires. Ceci passe nécessairement par l’innovation technique. Mais cette innovation technique n’atteindra pas ses objectifs d’équilibre si elle n’est pas accompagnée d’innovations culturelles et sociales… Plus que jamais il nous faut être créatifs. Plus que jamais, il faut que les sciences molles travaillent avec les sciences dures...

Je termine en disant qu’il n’y a qu’en faisant co-marcher nos citoyens que nous arriverons à leur faire partager un intérêt commun. Très certainement que pour poursuivre le travail réalisé dans le cadre de cette étude nous pourrions imaginer un conseil participatif des jeunes de Bruxelles. Ils arpenteraient collectivement les rues, couloirs de métro, équipements de leur ville… et débattraient ensemble des conditions du mieux vivre ensemble. Certainement que le débat serait animé… mais à coup sûr qu’il aboutirait sur un contrat d’une nouvelle sorte. Un contrat de ville innovant, participatif et solidaire. Un contrat de ville qui ne serait pas celui d'un quartier défavorisé... mais celui de toute une ville, et pourquoi pas une agglomération.

NB : une synthèse de l’étude peut être lue dans le n°114 de « Manière de voir » - consacré à l'urbanisation du monde

jeudi 16 décembre 2010

Concerto urbain

Avez-vous seulement essayé pendant une demi-heure d’être attentifs aux bruits (hors conversations) qui vous entourent ?

L’orchestre :
Vroommmmm vrrrrrrrrrrrrrrrrrom vroooommmm vvvvvvvvvvvvrommmmmmmm
Bruit continu, différemment rythmé, incessant
Clic taptaptaptaptapta clic taptaptap … souris, touches de clavier… bruit quasi continu, différemment rythmé, incessant …

… Et puis comme dans tous concertos, les solistes prennent la parole

Piiinpompiiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpom Piiinpompiiiinpom….Pinpompin pompinpom pinpompin…Tututut tutut tutut tutut tutut tutut
Ding dong ? …. Bzzzzzzzzzz … clac
Poët .... Poët !!! Poët …
Fuuuuit … oh ! Fuuuuuit… oh ! (un passant qui appelle quelqu’un)
Bilibili…bilibili… bilibili … Allô ?
Pinponpin pinponpin pinponpin
Wouafwouaf… Wouaf… Wouaf… Wouaf
Piiinpompiiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpom
Piiinpompiiiinpom….Pinpompin pompinpom pinpompin…Tututut tutut tutut tutut tutut tutut

Drrrrrrriiiiiiiiiiiiiiiinnnnng Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah (ce sont des enfants qui sortent en récréation)

Ding dong ? …. Bzzzzzzzzzz … clac
Poët... Poët !!! Poët …
Fuuuuit … oh ! Fuuuuuit… oh ! (un passant qui appelle quelqu’un)
Bilibili…bilibili… bilibili … Allô ?
Wouafwouaf… Wouaf… Wouaf… Wouaf

Piiinpompiiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpompiiinpom
Piiinpompiiiinpom….Pinpompin pompinpom pinpompin…Tututut tutut tutut tutut tutut tutut

… Mais pourquoi sommes nous parfois si fatigués ?... Ce qui m'inquiète c'est que les services d'urgence n'arrêtent pas de sortir... A ce rythme, vont-ils un jour rejoindre l'orchestre ?... On aimerait tant croire à l'idée qu'ils resteraient des solistes discrets et anecdotiques ... On aimerait tant ...

Il y a des jours comme ça où on a du mal à y croire...

mardi 14 décembre 2010

A la recherche de repères... dans le ventre d'une baleine


Mon nom d'oiseau? Tinette... et comme Nicolas Bouvier, quand j'use du monde "ce n'est pas par exostisme, mais pour que le voyage me rince". De nature réservée de par ma profession , mais certainement pas timide... quoique parfois un peu intimidée.

Curieuse et observatrice de son environnement, j'en suis parfois amusée, rarement agacée et assurément... toujours émue. Il y a bien des émotions plus fortes que d'autres, mais toujours cette volonté de comprendre... et proposer les solutions les plus justes... pour que chacun s'y retrouve, pour que chacun avance. A la façon de Pinocchio, je suis à la recherche de repères ... dans le ventre d'une baleine. Nécessairement le chemin étant semé d'embuches, il m'arrive de rester contemplative durant de longues heures devant cartes et atlas... et imaginer les futurs possibles

Mon domicile fixe est au Sud Alsace. A ne pas confondre avec Nord Bretagne, même si nous avons l'habitude de dire qu'il n'y a que la France qui nous sépare. Je mesure 5,74 pieds propres mais mal odorants. Je suis née au dessus du niveau de la mer... et à la différence des géraniums, je résiste au gel hivernal.

Le jour où j'ai échoué sur une île déserte tropicale, je n'avais pas de livres. J'ai déforesté la jungle pour faire un énorme SOS de feux de bois qui a été capté par un satellite espion. Soulagée d'être libérée de cette galère, j'ai toutefois été dans l'obligation de faire des excuses publiques auprès des journalistes et militants écologistes qui m'attendaient à l'aéroport...

Mon rêve le plus fou? Être magicienne, gérante d'une agence de voyage en centre ville. D'un coup de baguette je transformerai tous mes clients en nains minuscules, et les enverrai faire le tour du monde à dos d'oies. Un peu pour me racheter de mon déplorable bilan carbonne... du jour où j'ai échoué sur une île déserte...

Je n'ai pas de malformations majeures, si ce n'est les deux auréoles que l'on m'a collées sous les bras.

Je navigue à flots à la recherche de repères... dans le ventre d'une baleine.

Bonne route, Tinette!
Garde le cap!
T'as un moral d'acier...
C'est ce qui compte ... !

Photos:
adaptaion théâtrale de "Bout de Bois" de Jean CAGNARD ... fable d'après l'infatigable, l'inoxidable Pinocchio. Pièce écrite pour marionnettes et adaptée par la compagnie Ouver'Thur.
Mise en scène Isabelle RUIZ - Costumes et décors Blandine CUSSO - Masques Karine Rochel - Son Luc STOPIN - Graphisme Jean WOLLENSCHNEIDER

samedi 11 décembre 2010

Allez les riches... encore un effort !

Intéressant dossier dans « alternatives économiques » n° 294 – septembre 2010 - Dossier : « Fiscalité : ce qui doit changer »

C’est un tableau p. 61 qui a attiré son attention…

Alors si je regarde bien: en France il y a 2,4 millions de ménages qui sont "très à l'aise" et se disent "de la classe moyenne". Alors là ça m'intéresse, vous pensez ! Combien gagnent-ils au juste?... Les très à l'aise qui se disent de la classe moyenne déclarent en moyenne 77000 € de revenus/ménage/an.

Petite leçon de calcul :

La taille moyenne d’un ménage en France est de 2,3 personnes, et l’INSEE considère que pour un ménage de taille moyenne il faut compter 1,6 unité de consommation. Il y a moins d’unités de consommation dans un ménage que de personnes parce que la BMW de papa pèse économiquement plus lourd que la boîte de playmobil du petit dernier !  Donc si je pose les additions :

77000 €/an/ménage ÷ 2,3 personnes/ménage ÷ 12 mois = 2789,85 €/mois/personne
… mais il faut raisonner en unité de consommation nous explique l’INSEE, donc :
77000 €/an/ménage ÷ 1,6 unité de consommation/ménage ÷ 12 mois = 4010,41 €/mois/unité de consommation …

Ouf… alors ça c’est la France d’en haut qui se dit au milieu… Au dessus de cette France là il y a la France qui donne le vertige à la France d’en bas. Ça fait au total :
2700 super riches + 24000 riches + 240000 « les moins riches des riches » + 2,4 millions « très à l’aise » = 2,6 millions de ménages et quelques miettes !... En effet, ils ne sont pas seuls !

Pour quand même vous donner une petite idée de la France d’en haut :
Les super riches gagnent 105 729,16 €/mois/unité de consommation. Les moins riches des riches gagnent 9 895,83 €/mois/unité de consommation

Et maintenant qui sont les français d’en bas ?... Raisonnons par unité de consommation, et posons les additions :
Le ménage médian (c'est-à-dire qu’il y a autant de français au dessus qu’en dessous de lui) :
27000 €/an/ménage ÷ 1,6 unité de consommation/ménage ÷ 12 mois = 1406,25 €/mois/unité de consommation
Le reste des ménages (ceux de la France d’en bas justement) :
18000 €/an/ménage ÷ 1,6 unité de consommation/ménage ÷ 12 mois = 937,50 €/mois/unité de consommation

Alors si je fais les totaux, « combien sont-ils » ? :
La France d'en haut = 2,6 millions de ménages et quelques miettes ! La France d'en bas 13,5 millions de ménages qui ont un niveau de vie de 937,50 €/moi/unité de consommation !?!

Eh ben dites donc, ça fait du monde pour aller expliquer à quelques riches qu’il faut qu’ils fassent encore un petit effort !

Pourquoi est-ce que l’on ne fait pas de telles leçons de mathématiques aux enfants dans les classes ? Au moins, ils pourraient expliquer le monde à leurs parents !

A ce propos, j’ai une question, 1,6 unité de consommation, c’est bien plus qu’1 ? En langage mathématique ça s’écrit  « 1,6 > 1 ». Alors est-ce que quelqu’un peut me dire pourquoi le correcteur automatique de word ne veut pas que je mette un « s » à « unité » ????

vendredi 10 décembre 2010

Croyez vous vraiment ... ?

Croyez vous vraiment que l’exclusion soit simplement un problème de Droit au Logement Opposable ?

En France, 100 000 personnes n’ont pas de domicile, autant vivent en camping ou dans un mobil home, plus de 640 000 vivent dans des meublés...

Entre 4,3 et 7,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (selon la définition retenue)

La précarité énergétique concerne pas moins de 3,4 millions de ménages. Les ménages les plus pauvres consacrent 14,9 % de leur budget aux dépenses énergétiques

19 % des ménages les plus modestes ne sont pas couverts par une complémentaire santé

19 % des personnes handicapées sont au chômage, deux fois plus que la moyenne de la population active. 1,2 million de personnes rencontrent d’importants problèmes d’accessibilité à leur logement

45 % des ouvriers n’ont lu aucun livre sur une année

A 18 ans, près d’un jeune sur cinq a déjà arrêté ses études

6 mois après une naissance, 29 % des femmes n’ont plus du tout d’activité associative

… la liste est encre longue … les inégalités se creusent … Observatoire des inégalités

Chaleureuses pensées à tous ceux qui sont aux côtés de ceux qui n’ont jamais autant eu besoin de notre conviction à pouvoir croire en un avenir plus juste, plus équitable… plus solidaire.

Chaleureuses pensées à tous ceux, qui aux côtés des plus démunis, vont passer l’hiver… déjà trop rigoureux

Chaleureuses pensées … à tous ceux qui cet hiver encore iront à la rencontre des plus fragiles... offrir un peu de chaleur humaine.

samedi 4 décembre 2010

Européens, Américains, n'éteignez pas vos lampes ...

  
Alors que nous sommes sur la côte désertique de Paracas où, en 1821, Simon Bolivar débarque et gagne l’indépendance du Pérou ; nous apprenons qu’il se passe en France des choses inacceptables. Les Roms et les gens du voyage sont … une fois encore … discriminés. Je me suis déjà exprimée sur ce sujet « Roms Gens du voyage, amalgame ou pas ? » sur ce blog.

Je pense qu’il ne faut pas avoir honte… mais inlassablement chercher à comprendre les mécanismes qui conduisent à la peur… et inlassablement résister contre ces mécanismes. Dans le désert de Paracas, alors que de tristes souvenirs européens resurgissaient, j’ai pensé à ce magnifique texte que Pablo NERUDA a écrit en 1943 de retour d’un voyage au Pérou. Ce texte il l’a intitulé « Amérique, n’éteins pas tes lampes ».

J’aimerai tant écrire un texte si fort et si puissant à ma chère vieille Europe… Chère vieille Europe, n’éteins pas tes lampes … !!!

Extraits choisis de « né pour naître » - Pablo NERUDA aux éditions Gallimard.

« Votre patrie a toujours existé pour moi, mais non à la manière des autres territoires où l’homme vit, rêve, souffre, triomphe et chante. Je vois dans le Pérou l’utérus de l’Amérique, une enceinte entourée de hautes pierres mystérieuses, de morsures d’écume singulière, de fleuves et de métaux aux lits profonds. Les incas n’ont pas déposé dans les mains stupéfaites de l’Histoire une petite couronne de feu et de martyre mais une vaste, très vaste ambiance ciselée par les doigts les plus fins, par des mains capables d’acheminer les sons vers la mélancolie et le respect, et d’ériger des pierres gigantesques face au temps infini. […] Votre terre péruvienne a quelque chose de cosmique, quelque chose de puissant et de lumineux, qu’aucune mode, ni aucun style n’ont pu recouvrir, comme si sous votre territoire un immense gisant, minéral et phosphorique, monolithique et organique, était encore occulté par des toiles et des sanctuaires, des époques et des sables, et montrait sa vigoureuse structure dans les hautes pierres abandonnées et dans le sol inhabité que nous avons le devoir de découvrir. L’Amérique c’est votre Pérou, votre patrie mystérieuse, arrogante et ancestrale ; dans aucun de nos Etats nous ne trouverions les concrétions américaines qui, comme l’or et le maïs, se déversent dans votre coupe pour nous donner de notre Continent une perspective insondable. Américains du Pérou, si mes mains ont palpé votre écorce et si j’ai écalé le fruit sacré de votre fraternité, n’allez pas croire que je vous quitte en tenant mon cœur à l’écart de votre réalité et de votre grandeur présentes. Permettez-moi, en tant qu’Américain responsable, de plonger les doigts dans votre silence. Depuis des années, de toute l’Amérique silencieuse, deux pays vous observent. Ces deux pays sont les tours de guet et le levain de la liberté et s’appellent le Chili et le Mexique. La géographie les a placé  aux deux extrémités du continent. Il revient au Mexique d’être le rempart de notre sang lorsque la vie de l’Amérique exigea hardiment de lui qu’il imposât, face aux grands pays matérialistes du nord, nos matières fondamentales. Il lui revient aussi de brandir les premiers drapeaux quand la liberté menacée sur l’ensemble de la planète se voyait défendue par la haute caste des Américains du Nord. Le Chili a connu la liberté, comme l’avait prédit Simon Bolivar. Dans le sacrifice des terres les plus inclémentes, dans l’évaluation des obstacles les plus inextricables, ma patrie, avec les mains ardentes et délicates qui endurèrent les besognes et les climats les plus cruels de nos latitudes, put toucher le cœur de l’homme, le lever comme une coupe radieuse vers la liberté. L’histoire de mon pays a cheminé d’un pas lourd et dur vers l’aurore et nous nous sommes engagés, nous, les Chiliens d’aujourd’hui, dans la tache de dissiper quotidiennement les ténèbres qui nous échurent. »

Chère vieille Europe, n’éteins pas tes lampes… L'histoire de notre continent a cheminé d'un pas lourd et dur vers l'aurore et nous nous sommes engagés, nous, les européens d’aujourd’hui, dans la tache de dissiper quotidiennement les ténèbres qui nous échurent … inlassablement chercher à comprendre les mécanismes qui conduisent à la peur… et inlassablement résister contre ces mécanismes... inlassablement construire l'amitié entre les peuples... inlassablement ... garder des forces et surtout ne jamais lâcher prise... inlassablement aimer son pays... inlassablement aimer son voisin... inlassablement vivre sa liberté... inlassablement ... passionnément... pour que jamais la folie ne nous emporte...

vendredi 3 décembre 2010

Est-ce que le Père Noël lit mon blog ?

… Parce que… Cher Père Noël, si vous lisez mon blog, j’aimerai que cette année vous offriez à tout le monde un stylo pour signer la Charte pour la Terre et l'Humanisme… pour que l’humanité se mette en marche vers une sobriété heureuse !

Nous sommes tous concernés, alors en route vers une révolution agrOculturelle !

Psst… Cher Père Noël, pourriez vous aussi dire aux ingénieurs de Windows que quand j’écris agrOculturelle, il ne faut pas que leur logiciel me dise que c’est une faute d’orthographe !?! Cher Père Noël, si vous lisez mon blog, faites en sorte que les ingénieurs modifient leur correcteur d’orthographe !!!

Pour téléchargez la charte, cher Père Noël,   cliquez ici !!!!

Par avance, je vous remercie, petit papa noël... quand vous descendrez du ciel... de ne pas oublier de mettre des stylos dans tous les souliers et toutes les cheminées ...

On se retrouve comme prévu le 24 décembre à minuit pour boire un vin chaud et d'ici là... travaillez bien et prenez soin de vous.

A bientôt,

Tinette



"C'est dans les utopies d'aujourd'hui que sont les solutions de demain. La première utopie est à incarner en nous-mêmes, car la mutation sociale ne se fera pas sans le changement des humains"
Pierre Rabhi

mercredi 1 décembre 2010

La vérité sur les miettes de pain que l'on donne aux oiseaux

Il y a des jours comme ça, où il se passe des choses que l'on ne s'explique pas. Ce matin, un rouge queue nous a dit la vérité sur les miettes de pain que l'on donne aux oiseaux. Cette histoire, qui nous est vraiment arrivée, j'ai très envie de la partager...

Ce matin, quand nous partons travailler, nous ne sommes pas très en avance... Oh ben non! Mais ça va pas du tout là !!!! Nous sommes en retard et dans la cage d'escalier de notre immeuble il y a un petit rouge queue qui se tape les ailes contre la fenêtre !!!! Flute alors... Pourtant elle ne s'ouvre pas cette fenêtre du dernier étage !?! Tiens il y a un léger courant d'air dans cette cage d'escalier ... En passant la tête par dessus la rambarde, on remarque que la fenêtre de l'étage inférieur est à peine ouverte (ça c'est une fenêtre qui s'ouvre en effet)... Il est certainement rentré par là, et maintenant il n'arrive plus à sortir... Depuis combien de temps est-il dans la cage d'escalier?

Nous essayons de ne pas trop l'effrayer et tout doucement on l'invite à descendre d'un étage. Encore plus doucement on ouvre en grand la fenêtre. Le petit rouge queue s'est réfugié dans un coin du palier. Nous on se met dans un autre coin... et mon amoureux il ouvre lentement ses bras en grand... comme s'il était un aigle. Le petit rouge queue il a compris que cette fois la cage était ouverte... Alors il nous fait un clin d'oeil et il s'envole en chantonnant... De toute façon, il n'a pas de raison de s'inquiéter, parceque la fenêtre n'est pas asser grande pour laisser passer un aigle.

En refermant la fenêtre, on remarque qu'il y a des miettes de pain sur le rebord... Mon amoureux et moi on se regarde et on se dit qu'il faudra prévoir de remettre à l'ordre du jour du comité syndical cette idée de jardin partagé. On aimerait bien pouvoir planter des cerisiers, des églantiers, des sorbiers, des tournesols, des capucines et beaucoup d'autres plantes sur les espaces verts de la copropriété... On voudrait faire ça pour que plus personne n'ait besoin de donner des miettes de pain aux oiseaux en hiver... Ou plutôt si! On pourrait donner des miettes de pain ou des graines aux oiseaux, mais dans la mangeoire qui serait dans le jardin de l'immeuble... Mais voilà, pour ça il faut modifier le règlement de copropriété et le voter à la majorité... C'est dans la loi. La loi dit que pour modifier un règlement de copropriété il faut que l'on soit nombreux à s'être mis d'accord... C'est vrai que la loi permet d'écrire dans les règlements de copropriétés que les espaces verts engazonnés sont interdits aux jeux d'enfants. Mais mon amoureux et moi, on s'est dit que si la loi elle permettait... ça ne voulait pas dire qu'elle nous obligeait... Alors on a espoir de pouvoir écrire un jour dans le règlement de copropriété qu'il est autorisé de venir se détendre et jardiner sur la prairie fleurie de l'immeuble.

Cette histoire est une histoire vraie... Ce projet, on en a déjà parlé en conseil syndical de copropriété... mais nous n'avons pas encore réussi à nous mettre d'accord sur les petits investissements qu'il faudrait faire (les graines, les plants, l'arrosoir... les quelques outils...)... Et puis il faudrait que l'on se mette aussi d'accord sur comment on entretiendrait ce jardin. Ce n'est pas grave, on en reparlera à la prochaine réunion... D'ailleurs on a eu une idée, on va inviter le petit rouge queue à la prochaine réunion pour qu'il puisse nous expliquer pourquoi il faut faire preuve d'un peu de civisme quand on donne des miettes de pain à manger aux oiseaux... D'ailleurs, si on arrive à se mettre d'accord, je pense que notre prochaine proposition au comité syndical ce sera de construire une petite cabane dans la prairie fleurie... pour qu'on puisse tous aller observer en cachette les oiseaux !!!!

mardi 30 novembre 2010

Le théâtre dans l'espace social

Alternatives théâtrales n°83 – 4ème trimestre 2004

Extrait d’un texte de Paul Biot – co-fondateur d’une des premières compagnies de théâtre action, la compagnie Campus

«  CROYEZ-VOUS VRAIMENT que la pauvreté
soit seulement une question sociale ?
Croyez-vous vraiment que la violence à l’école
soit juste un problème scolaire ?
Croyez-vous vraiment que l’occupation des forges
de Clabecq relève essentiellement du judiciaire ?
Croyez-vous vraiment que travailler – ou non-
appelle exclusivement un traitement économique ?
Croyez-vous vraiment que l’accès à la culture
pose uniquement un problème de prix d’entrée ?
Croyez-vous vraiment que la spéculation monétaire
traduise une simple problématique boursière ?
Croyez-vous vraiment que les délocalisations
participent seulement à l’ingénierie financière ?
Croyez-vous vraiment que l’égalité entre les êtres
concerne essentiellement le partage des tâches ?
Croyez-vous vraiment que l’organisation du pouvoir
public soit juste une question d’élection ?
Croyez-vous vraiment que l’intolérance et le racisme
relèvent du seul traitement pédagogique ?
Croyez-vous vraiment que la guerre
soit une simple police internationale ?
Croyez-vous vraiment que les génocides soient
avant tout affaire de pulsions de masse ?
Croyez-vous vraiment que la destruction des
écosystèmes soit juste un problème scientifique ?
Croyez-vous vraiment que la progression de la malbouffe
soit  simplement affaire de diététique ?
Croyez-vous vraiment…

Si vous croyez tout cela, ne cherchez pas à savoir ce qu’est, et de quoi traite le théâtre-action. Ni qui sont ces gens de peu qui, dans les ateliers de théâtre-action, trouvent dans cette démarche théâtrale le lieu de leurs interrogations sur le monde, partant et parlant de leur réalité.

Et persévérez dans l’idée que les créations nées de cette démarche théâtrale sont à classer dans le domaine du social, du socio-culturel, de l’éducation permanente, ou à la limite, de la culture « largement entendue », mais pas du théâtre et surtout pas du théâtre politique.

Parce que si, pas tout à fait convaincu par ce tour de passe-passe sémantique et à défaut de pouvoir assister à la centaine d’œuvres créées annuellement dans les ateliers des compagnies de théâtre-action, vous prenez le temps de parcourir les documents qui en font état, il vous apparaîtra rapidement que si ce sont ces thèmes issus de l’espace social (ou citoyen) qui forment le fond des productions théâtrales, c’est en haussant les questions au niveau de l’interrogation politique que les situations et les mécanismes sont scrutés et « offerts en spectacle » […] »

samedi 27 novembre 2010

Vieillissement et société

Ce billet est une réponse à Sisyphe qui est bien curieux d’entendre mes commentaires sur un sujet aussi délicat que le vieillissement de la population et ses enjeux pour notre société. Bien vieillir par la promotion de la culture Dans tous les pays développés, les études statistiques sont convergentes. L’avance en âge des générations du baby boom dans un corps électoral qui, par ailleurs, va connaître un renouvellement forcément moins rapide par sa base du fait de l’arrivée de générations moins nombreuses, va (mécaniquement) conférer aux seniors un poids de plus en plus important. Ces études montrent également que la participation des seniors aux consultations électorales est plus élevée que celle des autres groupes d’âges. C’est entre 50 et 70 ans que se situe en France, comme dans la plupart des démocraties développées, la pleine période de l’activité électorale, et même si la participation aux scrutins décroît ensuite, elle est encore chez les octogénaires au même niveau que chez les 18-24 ans.

Surreprésentés dans le corps électoral… mais également dans les instances décisionnelles, le vieillissement de la population pose inévitablement question. Très récemment un sénateur a proposé de réintroduire l’examen d’entrée en sixième.  A quel modèle culturel et éducatif faisait référence ce sénateur ? J’ai dans ma bibliothèque quelques antiquités qu’il fait parfois bon relire pour comprendre le monde dans lequel certains grandissent et d’autres vieillissent.

On dit que les mathématiques contribuent à former l’esprit à la bonne compréhension du monde. Petite démonstration, illustrée par des problèmes posés au concours d’entrée en 6ème en 1971. Il n’est pas nécessaire de poser les additions pour comprendre le monde dans lequel ont grandi les seniors d’aujourd’hui.

Département de la Charente – 1971

Au super marché, votre maman s’arrête au rayon des volailles. Elle hésite entre deux poulets dont le prix au kg est semblable. L’un de ces poulets vaut 7,65F et pèse 0,9kg ; l’autre, plus gros, pèse 1,2kg. Quel est le prix de ce deuxième poulet ?

En 1971, pour entrer en sixième, les enfants avaient appris qu’en nourrissant les poulets aux farines et les gavant aux hormones nous pouvions manger plus pour pas beaucoup plus cher.

Académie de Toulouse – 1971

Les petites voitures, modèle réduit, que je préfère coûtent 7F l’unité. Avec les 37F de ma tirelire, combien puis-je acheter de voiture ? L’une de ces voitures qui a 16 cm de long est une réduction de celle de papa. Sachant que la voiture de papa mesure 3,20 m, combien de petites voitures peut-on exactement aligner bout à bout le long de celle de papa ?

En 1971, pour entrer en sixième, les enfants apprenaient qu’il était possible d’être plus ambitieux que papa.

Département de la manche – 1971

Pour transporter de l’engrais, un cultivateur utilise son tracteur et sa remorque. Il compte qu’en 12 voyages il a transporté 300 sacs d’engrais pesant chacun 50 kg. Quelle masse d’engrais transporte-t-il ainsi en 12 voyages ? Combien devrait-il faire de voyages pour transposter 5 tonnes d’engrais, 10 tonnes d’engrais ?

En 1971, pour entrer en sixième les enfants avaient appris que l’on pouvait répandre indéfiniment de l’engrais dans les champs pour améliorer les rendements.

Département du Bas Rhin – 1971

Un commerçant met en bouteille le vin contenu dans un fût. Il remplit 160 bouteilles de 75 cl chacune et 100 bouteilles de 0,80 l chacune. Les 160 bouteilles de 75 cl sont vendues 1,80F l’une et les 100 bouteilles de 0,80 l sont vendues 2F l’une. Ce commerçant avait acheté ce vin à 1,60 F le litre. Les frais de mise en bouteille se sont élevés à 5% du prix d’achat. Quel est le bénéfice réalisé ? S’il avait vendu tout le vin en bouteilles d’un litre, à quel prix aurait-il dû vendre la bouteille d’un litre pour réaliser le même bénéfice, les frais restant les mêmes ?

En 1971, pour entrer en sixième, les enfants apprenaient à faire les meilleurs bénéfices en bernant leurs clients.

Quand en 2010 un sénateur propose de réintroduire l’examen d’entrée en sixième, il s’adresse a une population arrivée à maturité de son activité électorale, et soucieuse d’investir pour les générations futures. Un électorat qui a justement les références culturelles et éducatives des années 1960-70. Alors avant de passer au vote… soyons vigilants à ce que nous ayons bien tous la même compréhension du monde dans lequel certains grandissent et d’autres vieillissent ! C’est pour cette raison, Sisyphe, que je pense que vous avez raison. Il est urgent de se préoccuper des activités éducatives et culturelles de nos seniors. Je trouve désastreux que certains seniors se satisfassent d’après midi au club de scrabble pour exercer leur mémoire. Ce n’est pas la mémoire qu’il faut exercer, mais notre intelligence collective à comprendre le monde que nous partageons, notre intelligence collective à agir pour un futur équitable et durable. Je regrette profondément que bon nombre d’associations proposant des activités aux seniors se limitent aux activités de loisirs créatifs, gymnastique, bien être et développement personnel. Il est urgent d’offrir aux seniors des activités culturelles et éducatives aussi exigeantes que celles que nous développons pour les générations futures. Il est urgent de poursuivre et renforcer nos actions permettant à chacun et à tous les âges de la vie de se former à la citoyenneté.