mardi 30 novembre 2010

Le théâtre dans l'espace social

Alternatives théâtrales n°83 – 4ème trimestre 2004

Extrait d’un texte de Paul Biot – co-fondateur d’une des premières compagnies de théâtre action, la compagnie Campus

«  CROYEZ-VOUS VRAIMENT que la pauvreté
soit seulement une question sociale ?
Croyez-vous vraiment que la violence à l’école
soit juste un problème scolaire ?
Croyez-vous vraiment que l’occupation des forges
de Clabecq relève essentiellement du judiciaire ?
Croyez-vous vraiment que travailler – ou non-
appelle exclusivement un traitement économique ?
Croyez-vous vraiment que l’accès à la culture
pose uniquement un problème de prix d’entrée ?
Croyez-vous vraiment que la spéculation monétaire
traduise une simple problématique boursière ?
Croyez-vous vraiment que les délocalisations
participent seulement à l’ingénierie financière ?
Croyez-vous vraiment que l’égalité entre les êtres
concerne essentiellement le partage des tâches ?
Croyez-vous vraiment que l’organisation du pouvoir
public soit juste une question d’élection ?
Croyez-vous vraiment que l’intolérance et le racisme
relèvent du seul traitement pédagogique ?
Croyez-vous vraiment que la guerre
soit une simple police internationale ?
Croyez-vous vraiment que les génocides soient
avant tout affaire de pulsions de masse ?
Croyez-vous vraiment que la destruction des
écosystèmes soit juste un problème scientifique ?
Croyez-vous vraiment que la progression de la malbouffe
soit  simplement affaire de diététique ?
Croyez-vous vraiment…

Si vous croyez tout cela, ne cherchez pas à savoir ce qu’est, et de quoi traite le théâtre-action. Ni qui sont ces gens de peu qui, dans les ateliers de théâtre-action, trouvent dans cette démarche théâtrale le lieu de leurs interrogations sur le monde, partant et parlant de leur réalité.

Et persévérez dans l’idée que les créations nées de cette démarche théâtrale sont à classer dans le domaine du social, du socio-culturel, de l’éducation permanente, ou à la limite, de la culture « largement entendue », mais pas du théâtre et surtout pas du théâtre politique.

Parce que si, pas tout à fait convaincu par ce tour de passe-passe sémantique et à défaut de pouvoir assister à la centaine d’œuvres créées annuellement dans les ateliers des compagnies de théâtre-action, vous prenez le temps de parcourir les documents qui en font état, il vous apparaîtra rapidement que si ce sont ces thèmes issus de l’espace social (ou citoyen) qui forment le fond des productions théâtrales, c’est en haussant les questions au niveau de l’interrogation politique que les situations et les mécanismes sont scrutés et « offerts en spectacle » […] »

samedi 27 novembre 2010

Vieillissement et société

Ce billet est une réponse à Sisyphe qui est bien curieux d’entendre mes commentaires sur un sujet aussi délicat que le vieillissement de la population et ses enjeux pour notre société. Bien vieillir par la promotion de la culture Dans tous les pays développés, les études statistiques sont convergentes. L’avance en âge des générations du baby boom dans un corps électoral qui, par ailleurs, va connaître un renouvellement forcément moins rapide par sa base du fait de l’arrivée de générations moins nombreuses, va (mécaniquement) conférer aux seniors un poids de plus en plus important. Ces études montrent également que la participation des seniors aux consultations électorales est plus élevée que celle des autres groupes d’âges. C’est entre 50 et 70 ans que se situe en France, comme dans la plupart des démocraties développées, la pleine période de l’activité électorale, et même si la participation aux scrutins décroît ensuite, elle est encore chez les octogénaires au même niveau que chez les 18-24 ans.

Surreprésentés dans le corps électoral… mais également dans les instances décisionnelles, le vieillissement de la population pose inévitablement question. Très récemment un sénateur a proposé de réintroduire l’examen d’entrée en sixième.  A quel modèle culturel et éducatif faisait référence ce sénateur ? J’ai dans ma bibliothèque quelques antiquités qu’il fait parfois bon relire pour comprendre le monde dans lequel certains grandissent et d’autres vieillissent.

On dit que les mathématiques contribuent à former l’esprit à la bonne compréhension du monde. Petite démonstration, illustrée par des problèmes posés au concours d’entrée en 6ème en 1971. Il n’est pas nécessaire de poser les additions pour comprendre le monde dans lequel ont grandi les seniors d’aujourd’hui.

Département de la Charente – 1971

Au super marché, votre maman s’arrête au rayon des volailles. Elle hésite entre deux poulets dont le prix au kg est semblable. L’un de ces poulets vaut 7,65F et pèse 0,9kg ; l’autre, plus gros, pèse 1,2kg. Quel est le prix de ce deuxième poulet ?

En 1971, pour entrer en sixième, les enfants avaient appris qu’en nourrissant les poulets aux farines et les gavant aux hormones nous pouvions manger plus pour pas beaucoup plus cher.

Académie de Toulouse – 1971

Les petites voitures, modèle réduit, que je préfère coûtent 7F l’unité. Avec les 37F de ma tirelire, combien puis-je acheter de voiture ? L’une de ces voitures qui a 16 cm de long est une réduction de celle de papa. Sachant que la voiture de papa mesure 3,20 m, combien de petites voitures peut-on exactement aligner bout à bout le long de celle de papa ?

En 1971, pour entrer en sixième, les enfants apprenaient qu’il était possible d’être plus ambitieux que papa.

Département de la manche – 1971

Pour transporter de l’engrais, un cultivateur utilise son tracteur et sa remorque. Il compte qu’en 12 voyages il a transporté 300 sacs d’engrais pesant chacun 50 kg. Quelle masse d’engrais transporte-t-il ainsi en 12 voyages ? Combien devrait-il faire de voyages pour transposter 5 tonnes d’engrais, 10 tonnes d’engrais ?

En 1971, pour entrer en sixième les enfants avaient appris que l’on pouvait répandre indéfiniment de l’engrais dans les champs pour améliorer les rendements.

Département du Bas Rhin – 1971

Un commerçant met en bouteille le vin contenu dans un fût. Il remplit 160 bouteilles de 75 cl chacune et 100 bouteilles de 0,80 l chacune. Les 160 bouteilles de 75 cl sont vendues 1,80F l’une et les 100 bouteilles de 0,80 l sont vendues 2F l’une. Ce commerçant avait acheté ce vin à 1,60 F le litre. Les frais de mise en bouteille se sont élevés à 5% du prix d’achat. Quel est le bénéfice réalisé ? S’il avait vendu tout le vin en bouteilles d’un litre, à quel prix aurait-il dû vendre la bouteille d’un litre pour réaliser le même bénéfice, les frais restant les mêmes ?

En 1971, pour entrer en sixième, les enfants apprenaient à faire les meilleurs bénéfices en bernant leurs clients.

Quand en 2010 un sénateur propose de réintroduire l’examen d’entrée en sixième, il s’adresse a une population arrivée à maturité de son activité électorale, et soucieuse d’investir pour les générations futures. Un électorat qui a justement les références culturelles et éducatives des années 1960-70. Alors avant de passer au vote… soyons vigilants à ce que nous ayons bien tous la même compréhension du monde dans lequel certains grandissent et d’autres vieillissent ! C’est pour cette raison, Sisyphe, que je pense que vous avez raison. Il est urgent de se préoccuper des activités éducatives et culturelles de nos seniors. Je trouve désastreux que certains seniors se satisfassent d’après midi au club de scrabble pour exercer leur mémoire. Ce n’est pas la mémoire qu’il faut exercer, mais notre intelligence collective à comprendre le monde que nous partageons, notre intelligence collective à agir pour un futur équitable et durable. Je regrette profondément que bon nombre d’associations proposant des activités aux seniors se limitent aux activités de loisirs créatifs, gymnastique, bien être et développement personnel. Il est urgent d’offrir aux seniors des activités culturelles et éducatives aussi exigeantes que celles que nous développons pour les générations futures. Il est urgent de poursuivre et renforcer nos actions permettant à chacun et à tous les âges de la vie de se former à la citoyenneté.

Semianyki... une famille presque parfaite

Il était bien difficile de ne pas répondre à l'invitation du Teatr Liceidi !
" Riez, s'il vous plaît, riez, nous attendons vos rires... mais aussi, de vous, spectateurs d'un pays qui n'est pas le nôtre, peut être quelque chose de plus ..."

Semianyki, une famille ordinaire... qui survit au chaos grâce à l'extraordinaire pouvoir de l'imaginaire. Un père alcoolique, qui menace de partir, une mère enceinte, qui menace d'accoucher... et une armée de marmots déjantés et créatifs qui menacent de trucider père et mère pour exister. Un délicieux moment à l'humour ravageur!

Extrait vidéo en cliquant ici Semianyki

jeudi 25 novembre 2010

La ville ne fait plus civilisation

" Il y a des individus qui ne renoncent pas, qui n'abandonnent pas [...] qui s'investissent dans l'espace public [...] ils postulent l'idée qu'il n'y a de solution que politique. Ces gens là, va-t-on les accompagner ou les laisser s'user d'eux même ? "
Hacène BELMESSOUS

L'émission peut être réécoutée en cliquant ici: Guerre urbaine dans les villes françaises ?

mardi 23 novembre 2010

Stop la pub !

J'ai lu dans la presse qu'un nouveau jeu de société très prometteur était mis sur le marché pour les fêtes de Noël. Un jeu évidemment cuturel et pédagogique... Alors vite je suis allée voir de quoi il retournait... Eh bien oui, c'est une information encore plus incroyable que ce que j'imaginais !!!

Le jeu en question se nomme "Logo"... Pour les âmes sensibles, je vous l'ai dit, encore plus incroyable que ce que l'on peut imaginer... ce fut un véritable phénomène de société en Angleterre l'année dernière. Eh oui chers lecteurs, vous devinez juste, "Logo" est un grand jeu sur les marques et produits qui accompagnent notre quotidien !!!!??!!

Non seulement il faut subir les mensonges, traquenards, arnaques et intrusions dans la vie domestique de la publicité... mais en plus maintenant il faudra s'en souvenir pour briller en société !!!!

Mais je ne vous ai pas encore donné l'information la plus improbable... Essayez donc d'ouvrir Google et tapez " le jeu du logo et des marques"... C'est complètement ... (je ne trouve pas le mot juste) ... complètement ahurie, que je suis tombée directement sur le site de l'académie de Paris dédié aux CAP et Bacs Pros en arts appliqués et cultures artistiques... Ce n'est malheureusement pas une blague, essayez comme moi... et vous verrez Stop la pub à l'école !!!

Alors, ils sont bien gentils les sénateurs qui veulent remettre en vigueur l'examen d'entrée en sixième... Mais j'ai comme le sentiment qu'ils feraient mieux de se préoccuper du baguage culturel que l'on transmet à nos jeunes !!!

C'est absolument scandaleux !

jeudi 18 novembre 2010

Spéciale dédicace ...

Spéciale dédicace à ceux qui n'auraient pas compris les indicateurs de rue ... L'humour n'est pas là pour distraire. L'humour doit toujours faire réagir... et je l'espère agir.

" Il faut résister à la tyrannie du sérieux. A ce sérieux qui solidifie les idées jusqu'à ce qu'elles finissent pas boucher la pensée. Cholestérol de l'imaginaire, le rire le fendille par à coups, jusqu'à ce que la lumière passe à nouveau "

Jean Michel RIBES

samedi 13 novembre 2010

Indicateurs de rue

Ce billet est une réponse à Sisyphe qui nous interroge sur l’évaluation des politiques publiques. http://actionculturelle.over-blog.fr/article-evaluer-les-politiques-culturelles-60693015.html

Il y a 1000 et 1 façon d’impulser le changement sur nos territoires. L’indicateur de suivi dépendant de l’objectif que l’on s’est donné. Et un même indicateur peut répondre à plusieurs objectifs. Chez nous, nous avons pris l’habitude de faire des diagnostics en marchant. C'est-à-dire que l’on va dans la rue avec des élus, des techniciens, des institutionnels et des habitants… pour voir quels seraient nos objectifs communs… et comment on pourrait faire pour y arriver. Pour répondre à Sisyphe, je me suis un peu promenée en ville hier soir… (un peu amusée aussi). Je m’excuse de la mauvaise qualité des photos mais il commence à faire nuit un peu tôt… En plus j’avais un petit problème avec un ours qui me courrait après pour me manger ;-). J’en profite pour conseiller la lecture de son blog à mes lecteurs… Mais faites gaffe si vous y ramenez votre fraise… j’ai testé pour vous et il court vachement vite ! http://pohenegamouk.free.fr/index.php?

Voyons donc les indicateurs de rue maintenant :
 

A quelle politique publique répond cet indicateur ?

Réponse A : la promotion des déplacements doux sur l’espace public ?
Réponse B : la cohésion sociale et le bien vivre ensemble ?









Et celui-ci ?

Réponse A : la propreté et le respect des espaces publics ?
Réponse B : l’éducation à l’hygiène alimentaire ?









Ici avant il y avait un parc à vélo et puis c’est tout. A quel besoin de société répond cet indicateur ?

Réponse A : la prévention sécurité ?
Réponse B : l’incitation à un usage des modes de déplacements doux en toute sécurité ?






Ici avant il y avait un panneau indiquant la direction à suivre pour aller à l’aire d’accueil des gens du voyage. A quelle ambition politique répond cet indicateur ?

Réponse A : l’intégration sociale et économique des plus démunis ?
Réponse B : l’accueil des nouveaux arrivants ?


Principe de précaution : je m’excuse d’emblée auprès des élus qui pourraient lire ces lignes. Il ne s’agit pas de critiquer leur action, mais simplement de traiter l’évaluation des politiques publiques avec humour et dérision… Les missions que nous réalisons dans le cadre de nos fonctions ne sont pas faciles… Les actions que vous engagez dans le cadre de vos mandats ne sont pas toujours aisées non plus.

jeudi 11 novembre 2010

Eco-quartier Danube (3)


Le troisième projet m’a passionné. Il est conçu comme un pont. Un pont entre la science et les arts. J’aime beaucoup cette idée. Au cœur du quartier on aurait un jardin portuaire. Un peu comme une écluse où on prendrait le temps de baratiner. Un port fluvial c’est l’endroit où on s’arrête, où on vient boire un coup, prendre des nouvelles… et parfois refaire le monde. J’ai trouvé cette idée très séduisante. A chaque tête de pont, il y aurait un pôle de service. Mais des services que l’on voudrait équitables et durables (coopérative d’auto partage, lieux de distribution des paniers de légumes des Associations pour le Maintien d’une Agriculture de Proximité …). J’aime l’idée que l’on habite un quartier où tous les citoyens de la ville pourraient venir y poser l’encre.

Peut importe d'ailleurs que l'on y pose l'ancre ou l'encre... dans les deux cas c'est sa citoyenneté que l'on vient y exercer.

Eco-quartier Danube (2)


Le second projet brise les lignes d’une ville bien ordonnée, où les rues tournent à angles droits. Il crée un faisceau qui ouvre les quartiers périphériques vers le centre en passant par l’école, la Médiathèque et la Cité de la Danse et de la Musique.  J’aime beaucoup cette idée que l’on accèderait à l’éco citoyenneté par l’école et une large ouverture d’esprit vers les arts (l’écriture, le théâtre, la danse et la musique). Dommage que la science soit spatialement en marge de ce faisceau d’accès à l’éco citoyenneté.

Ce qu’il y avait d’également intéressant dans ce projet, c’est qu’aucun stationnement de véhicules moteurs n’est possible à l’intérieur du quartier. Des silos sont prévus en périphérie du quartier pour y garer les véhicules. Mais les urbanistes ont aussi eu le souci d’anticiper l’avenir et de prévoir qu’à terme, ces silos puissent avoir d’autres fonctions (type gymnase)… pour le jour où il y aura beaucoup moins de voitures en ville.

Eco-quartier Danube (1)

Le premier projet ressemble à une cour urbaine. Le quartier est « encadré » par des immeubles qui, de part leur hauteur, créent un écran acoustique. Au cœur du quartier les bâtiments ont une forme plus petite. Ce sont des villas urbaines.

Dans ce projet, la voiture ne peut pas accéder au cœur du quartier. Toutes les circulations internes sont douces pour préserver le calme créé par « la barrière » d’immeubles. Il faut noter que sur leur façade « avenue » ces immeubles ont eux même un écran acoustique. Puisque ces façades sont constituées de loggias fermées. J’aime assez l’idée que ce quartier soit un peu comme un atoll protégé par sa barrière d’immeubles. J'aime aussi l'idée que le coeur de ce quartier soit une place de rencontre intergénérationnelle entre l'école maternelle et l'Etablissement d'Hébergement de Personnes Agées Dépendantes.

Ce qu’il y a de très intéressant dans ce projet, c’est que de nombreux espaces collectifs sont conçus pour le stationnement des vélos. Mais les urbanistes ne se sont pas arrêtés aux seuls besoins de stationnement des vélos à deux roues. Ils ont d’emblée prévu que dans une ville plus douce, le vélo prendrait une place importante. Ainsi il faudra également pouvoir garer les remorques (qui servent à transporter les enfants ou les courses) mais aussi les triporteurs, qui servent à voyager en famille ou entre amis. J'aime bien cette idée de la ville où les déplacements prennent l'allure d'une joyeuse promenade.

Eco-quartier

Hier soir, j’ai participé à une réunion de concertation où on nous a présenté les 3 projets d’urbanistes à concourir pour la création d’un éco-quartier à Strasbourg. C’était passionnant. Irrésistible envie de vous faire partager cette approche de la ville moderne.

Un éco-quartier, c’est quoi ?

Un éco-quartier, c’est un morceau de ville créé dans un nouveau contexte de réflexions environnementales et humaines. Il doit répondre aux multiples enjeux du développement durable : une position centrale dans l’agglomération, une ouverture sur le reste de la ville, une échelle suffisante pour être qualifiée de quartier, une identité palpable, une réduction de la place de l’automobile, une efficacité énergétique notable, une mixité sociale et fonctionnelle, une éco-conception, etc.

Pour ceux qui s’intéresseraient aux fondements de ce nouveau vocable de la ville moderne, tout est assez bien expliqué ici http://cybergeo.revues.org/index22583.html

On peut dire qu’un éco-quartier est :
(Histoire) Une forme d’expérimentation urbanistique initiée dès la fin du XXe siècle essentiellement dans les pays du nord et du centre de l’Europe qui débute avec le phénomène des éco-villages créé dans plusieurs régions du monde dans les années 1960 et 1970. L’ambition de ces ensembles était de concrétiser, par des opérations exemplaires bénéficiant de ressources financières exceptionnelles, certains principes environnementaux puis sociaux et économiques regroupés dans les années 1990-2000 dans la notion de développement durable. Laboratoires expérimentaux des principes de l’urbanisme du XXIe siècle, ils constituent des vitrines indispensables visant à rendre concrètes les approches théoriques d’une ville qui s’insère plus harmonieusement dans son environnement naturel tout en amorçant une diffusion de ces principes à grande échelle. Le temps des pionniers passé, tout éco-quartier développé depuis les années 2000 doit présenter des caractéristiques sociales, environnementales et économiques optimales.
(Scientifique) Un espace bâti nouveau ou reconverti d’une ville, dans ou à proximité d’un centre urbain dense, de l’échelle d’un quartier, ayant pour vocation d’appliquer, de préserver et de développer sur le temps long l’ensemble des principes environnementaux, sociaux et économiques de développement durable qui ont gouvernés à sa conception.
(Usuel) Dans le langage courant, un quartier d’une ville désigné comme tel par ses initiateurs et répondant à un certain nombre de principes environnementaux, sociaux ou économiques. Éco-quartier est parfois utilisé comme synonyme de quartier durable bien que leurs sens divergent.
(Institutionnel) Un terme labellisé (« ÉcoQuartier ») en 2008 par le MEEDDM dans le cadre d’un concours sur la ville durable afin notamment de dynamiser le développement des pratiques d’urbanisme durable en France.

Le projet Danube à Strasbourg

Le projet Danube à Strasbourg est la reconversion d’une friche portuaire. Ce futur quartier est situé entre « Le vaisseau des sciences » à l’Est http://www.levaisseau.com/ , la « cité de la Danse et de la Musique » http://www.conservatoire-strasbourg.fr/ et la « Médiathèque Malraux » à l’Ouest http://www.mediatheques-cus.fr/medias/medias.aspx?INSTANCE=EXPLOITATION . Il est à proximité immédiate des quartiers du centre ville, et notamment au nord le quartier de l’esplanade avec le campus universitaire… et devra créer un lien entre ce centre et les quartiers périphériques.


Voilà le décor ! Maintenant je vais essayer de vous expliquer les 3 projets en compétition… Il y a comme une poésie dans la conception de la ville d’aujourd’hui.

PS: d'avance je m'excuse de la mauvaise qualité des images, mais j'ai photographié pour vous l'écran sur lequel étaient projetées les images. Je m'excuse aussi auprès de ceux qui voudraient connaître les noms des équipes qui ont travaillé sur ces projets. J'ai perdu le papier sur lequel je les avais notés... mais je vais faire quelques recherches pour retrouver les noms de ces artistes de la ville moderne !

mardi 9 novembre 2010

L'Utile Ignorance

UNE HISTOIRE DE FRONTIERES ...

Performances - Projections - Rencontres
Du 17 au 21 novembre 2010

Patrick Bernier et Olivia Martin
et/ avec Sébastien Cavenet et Sylvia Preuss-Laussinotte
Laura Waddington
Sylvain Gouraud
Ayse Yilmaz

L'Utile Ignorance et le FRAC Alsace s'associent pour organiser et accompagner la diffusion de X. et Y. c/ préfet de ... Plaidoirie pour une jurisprudence, un projet singulier articulant l'artistique au social et au politique.

Tout le programme est ici ! http://www.utile-ignorance.com/

dimanche 7 novembre 2010

La culture en friche ...



Et si on créait dans toutes les villes une avenue du monde ?

Sur cette avenue on pourrait 
… y fêter les droits de l’homme http://www.festival-droitsdelhomme.org/strasbourg/
… y découvrir les langues et cultures régionales http://www.info-culture.com/public/resultat.php?lieu=11&avancee=oui
… y rencontrer de jeunes artistes d’ici et d’ailleurs http://www.premiers-actes.eu/

Sur cette avenue on pourrait y déguster les saveurs du monde, on pourrait y consommer équitablement et durablement.

Sur cette avenue on trouverait des livres dans toutes les langues... et mêmes celles que l'on entend pas (le braille, la langue des signes...)
Sur cette avenue, la météo serait toujours là pour nous surprendre http://www.festival-meteo.fr/

Sur cette avenue, tous les ateliers d’artistes seraient ouverts http://www.ateliersouverts.fr/2010/

Sur cette avenue, on pourrait y consommer des produits frais et soutenir l’agriculture de proximité http://www.amapalsace.net/content/blogsection/4/36/

A cette avenue, on y viendrait facilement et de partout http://www.mulhouse.fr/fr/tram-train/ 
On pourait la quitter pour aller se détendre sur une friche industrielle reconvertie et y fêter le métissage des jardins http://www.parc-wesserling.fr/evenements-jardins/le-festival-international-des-jardins-metisses.html

C’est sûr qu'une telle avenue agiterait les esprits ...
C'est sûr qu'une telle avenue nous aiderait à mieux vivre ensemble ...
C'est sûr qu'une telle avenue nous aiderait à mieux nous connaître...
C'est sûr qu'une telle avenue augmenterait notre curiosité...

C'est sûr qu'en se promenant sur cette avenue, nous n'aurions plus peur de la différence !

samedi 6 novembre 2010

La mobilité autrement !

Vous l’avez peut être remarqué, des Pandas Super U annoncent qu’elles ne coûtent que 5€/ jour. Aujourd’hui je suis allée poser la question pour savoir de quoi il retournait. En fait, c’est une OFFRE PROMOTIONNELLE ! Vous vous engagez à louer la voiture pendant 2 ans à 5€/jour. Pendant 2 ans elle est à vous et vous l’utilisez autant que vous voulez m’a-t-on expliqué…

OFFRE PROMOTIONNELLE dites vous ?

La voiture à 5€/jour, petite leçon de calcul :
5€/jour x 365 jours/an x 2 ans = 3 650 €… soit 152 €/mois … Mais il vous faudra encore payer votre carburant, l’entretien, le parking, le lavage, l’assurance … Une voiture individuelle coûte environ 400 € / mois disent certaines études.

La voiture en autopartage, petite démonstration :
Adhésion = 9€ / mois x 12 mois / an = 108 € / an

Et après, combien ça me coûte ? On ne me facture que ce que j'utilise !

Soirée tarte flambée à la campagne entre amis...
Aygo de 20h à 7h et 20km = 13,55 €

Déménager le vieux canapé de ma grand mère...
Kangoo utilitaire pendant 3h avec 30 km = 20,10 €

Prendre l'air un dimanche sur les crêtes...
Corsa de 10h à 18h et 100 km = 49 €

Tout est inclus ! Carburant, assurance tous risques, entretien, parking à la station, lavage, assistance 24h/24...

Personnellement, je l’utilise pour parcourir à peine 300 km / mois. Le reste du temps je prends les transports en commun, j'utilise mes deux jambes ou mon vélo. Ma voiture en libre service me coûte grosso modo 150 à 180 € / mois !!!!! Il n’y a pas de doute, ça fait sacrément du bien à mon porte monnaie ! Tout est expliqué ici http://www.autotrement.com/en-savoir-plus.html

Et si je vais passer le week end à Annecy, Lille, Toulouse, Rennes, Poitiers… ? J’y vais en train et avant de partir je contacte les autres coopératives http://www.franceautopartage.com/

La voiture en autopartage, vous ne l'utilisez pas autant que vous voulez... mais autant que de besoin. C'est complètement différent !
Au final, ça donne quoi pour mon bilan carbone ?

… Bon avant de tout vous dévoiler, je vous laisse vous amuser à calculer le votre http://www.ademe.fr/climact/

Ah oui, j’ai oublié de vous dire… pour les jeunes parents, il y a des stations équipées de sièges enfants. Pour les amateurs de canoë kayak, il y a des voitures équipées d’attaches remorques et dans la même station vous pouvez emprunter une remorque.  Pour les amateurs de sorties raquettes, il y a des chaînes dans toutes les voitures … Pour les Don Juan, aux beaux jours vous pouvez utiliser la Fiat 500 décapotable, c’est juste un peu plus cher ;-)… ben oui, la frime ça va avec l’argent paraît-il ! Depuis peu la coopérative a même adapté des véhicules aux personnes handicapées... et ce n'est qu'un début!

J’ai aussi oublié de vous dire que l’autopartage n’était pas juste pour quelques copains qui souhaiteraient rester entre eux sans en faire profiter les autres. En France c’est 70 000 personnes qui pratiquent l’autopartage !

Oh et pour finir, il faut aussi que je vous dise que j'habite en province... et même pas dans une grande ville ;-D... Ni dans une maison individuelle d'ailleurs ;-). A ras du sol, je n'aurai pas une si belle vue !!! J'habite la Métropole Europe !
http://elleesttroptinette.blogspot.com/2010/10/metropole-europe-par-yona-friedman.html


... Quand je vous dis qu'il faut garder le sourire ... La vie moderne a un avenir devant elle !

Joyeux week end à tous les lecteurs !

mercredi 3 novembre 2010

Roms - Gens du voyage: amalgame ou pas ?

Voilà la question très difficile que des ami(e)s ou parents m’ont posée cet été... Il est difficile de s’exprimer sur ce sujet... Je n’ai pu leur apporter une réponse tranchée, mais simplement mon témoignage. Aujourd’hui, je souhaite partager ce témoignage avec les lecteurs de la blogosphère.

Roms – Gens du voyage : à priori vous ne faites aucun amalgame. Dans les deux cas, il s’agit de minorités vivant en errance sur le territoire Européen. Minorités discriminées et persécutées depuis des siècles et dont il est très difficile de faire valoir encore aujourd’hui les droits. Pour rappeler à notre mémoire quelques faits historiques:

En France, les persécutions contres les nomades ont commencé bien avant l’occupation allemande… 1510 le Grand Conseil interdit de séjour les nomades, bannissement et pendaison en cas de récidive ; 1647 (Louis XIV) les « bohémiens » sont condamnés aux galères ;  1662 Colbert définit comme délit le nomadisme, l’errance et l’oisiveté ; 1724 les bohèmes du Poitou sont déportés en Martinique ; 1802 une rafle de 500 tsiganes à lieu dans les Pyrénées... A des fins de contrôle et de surveillance, un recensement est décidé en 1895. En 1897, une commission est créée et chargée de « rechercher les moyens propres à assurer une surveillance plus étroite des vagabonds et gens sans aveu et à faciliter la découverte des auteurs de crimes et délits ». Par la loi de juillet 1912, la France instaure le carnet anthropométrique d’identité. Chaque fois qu’un nomade s’installe dans une commune, il doit faire viser son carnet auprès des autorités dans un délai de 48h. Dès 1939 la circulation des nomades est interdite dans plusieurs départements. Le 6 avril 1940, un décret-loi interdit la circulation des nomades sur tout le territoire,  et le ministère de l’intérieur charge les Préfets de les assigner à résidence en dehors des agglomérations mais à proximité d’une brigade de gendarmerie. Le bénéfice attendu de cette assignation est de « stabiliser des bandes d’errants qui constituent au point de vue social un danger certain… ». Après la défaite de juin 1940, l’occupant donne l’ordre d’ouvrir les camps pour y interner les Tsiganes. L’ordre est allemand, la réalisation est française, du ressort de l’administration de Vichy. Sans revenir d’avantage sur cette période sombre de notre histoire, il faut savoir que les tsiganes n’ont été libérés des camps qu’en mai 1946… soit un an après la paix. Il faut aussi savoir que le carnet anthropométrique est resté en vigueur jusqu’en … 1969, (juste après 1968... Pour ceux qui douteraient encore des progrès sociaux acquis en 68). Comme son nom l'indique le carnet comprend des informations anthropométriques telles que la longueur de l'oreille droite, des doigts médius et auriculaires gauches... la liste complète est inscrite dans la loi de 1912. La loi de 1969 impose aux citoyens français sans domicile fixe et circulant en France d’être dotés d’un carnet ou livret de circulation (selon l'activité qu'ils exercent et leurs revenus...). Certes les contraintes sont largement assouplies comparées au carnet anthropométrique. Mais ce qu’il faut aussi savoir c’est que cette loi n’a plus jamais fait l’objet d’aucune réforme, les gens du voyage français ont encore l’obligation de régulièrement se présenter au commissariat pour faire viser leur carnet.

Le carnet de circulation tel que prévu par la loi de 1969 permet aux nomades français d’avoir une commune de rattachement où faire valoir leurs droits (droits civiques entre autres droits). Mais ce que l’on sait moins c’est que l’octroi d’une carte nationale d’identité ou d'un  passeport est bien souvent refusé aux gens du voyage. On peut légitimement s’interroger sur une démocratie qui refuse l’octroi d’une CNI a une certaine frange de sa population alors qu’elle n’a aucune difficulté à justifier de sa nationalité française pour obtenir le carnet de circulation… Les nomades seraient-ils condamnés à être d’éternels étrangers de l’intérieur ? Je disais qu'ils avaient un carnet ou un livret de circulation. Ceci dépend de leur niveau de revenu et de leur activité. Lequel d'entre nous aimerait se présenter au bureau de vote avec une carte d'identité rouge, verte, orange, jaune ou violette selon qu'il est commerçant, fonctionnaire, ingénieur, commercial, artiste, assureur... ou pourquoi pas handicapé, homosexuel ou d'origine étrangère ? Un père de famille m'a dit un jour "à force de nous traiter comme des chiens, nous avons appris à aboyer". Bien d'autres minorités pourraient en dire autant.

La dénomination administrative de « Gens du voyage » fait abstraction de la très grande diversité culturelle de ces populations. Ils sont manouches, sinté, gipsy, gitans, yennichs, roms… ou simplement commerçants, artisans, forains… En voulant ranger cette diversité dans une catégorie administrative nous créons nécessairement un amalgame… Et nos concitoyens concernés n’aiment pas cet amalgame, ils le craignent et revendiquent autant qu’ils sont que leur identité culturelle soit reconnue. Au nom de la liberté d’être et d’exister on ne peut qu’approuver ces revendications à ne pas faire d’amalgames. Il s’agit bien là de respecter chaque individu dans sa différence et sa richesse culturelle.

Parmi les idées reçues on entend très souvent « ils ont des caravanes et des voitures luxueuses» … Sous entendu ils ont de l’argent…. Certes les caravanes et véhicules peuvent paraître imposants, mais ils ne sont pas propriétaires d’un pavillon. La caravane paraît luxueuse… peut être, mais c’est le « logement » d’une famille. Tous les français qui vivent en pavillon aspirent à un certain confort. On a du mal à imaginer que nos concitoyens nomades n’aspireraient pas au même confort de la vie moderne. OK me direz-vous, mais ces caravanes, comment les payent-ils… Eh bien c’est très simple, alors même que les propriétaires de pavillons accèdent à des prêts immobiliers (parfois aidés, prêts à taux zéro entre autre) et parfois même à des aides au logement sur les mensualités de prêts… Les gens du voyage financent leur caravane avec des prêts à la consommation et sans aides au logement… la caravane n’étant pas reconnue comme un logement… Inutile de préciser que le taux d’un prêt à la consommation n’est pas comparable à celui d’un prêt immobilier... Et que même s'ils décident de vendre la caravane quelques mois à peine après... Elle n'aura plus jamais sa valeur d'achat. S’agissant de la grosse voiture… je défie n’importe quel propriétaire de pavillon d’arriver à le tracter avec une 2CV… On comprend aisément qu’un 4x4 soit plus adapté… Et après tout, nous croisons tous des concitoyens sédentaires qui n’ont pas de scrupules à sortir leur 4x4 rutilant pour transporter une baguette de pain ou des croissants chauds !

A l’heure où tous nos responsables politiques parlent de lutte contre la précarité énergétique des ménages, je pense que l’on peut tous être d’accord sur le fait qu’il n’y a pas habitat plus précaire énergétiquement qu’une caravane (je ne mets évidemment pas les tentes et abris de cartons dans la catégorie des logements). Pourtant un très grand nombre de départements refusent encore de rendre éligibles les gens du voyage au « Fond Solidarité Energie » sous prétexte que la caravane n’est pas un logement…

Sans faire d’angélisme et énoncer plus loin la liste des inégalités entre nomades et sédentaires, je voudrai juste rappeler à nos mémoires que ceux que l’on nomme les gens du voyage sont nos concitoyens et que nous les côtoyons bien plus que nous le pensons. Ils travaillent dans les champs pour les récoltes, ils sont commerçants sur les marchés ou les brocantes, forains, artistes, artisans ou élagueurs, travaillent sur les grands chantiers… Vous en avez tous forcément croisé dans votre vie.

Le problème de ceux que l’on appelle les Roms, et qui font l’objet d’expulsions, est tout aussi complexe. Il s’agit en fait de citoyens roumains qui migrent vers les pays de l’Ouest. Il faut savoir que le droit à la libre circulation en Europe n’est pas un droit inconditionnel au séjour. C’est à ce titre qu’ils sont qualifiés de migrants illégaux. Vous-même si vous décidiez de partir vivre et travailler en Italie ou en Allemagne il vous faudrait (sous certaines conditions) demander un titre de séjour. Pour autant, le problème des Roms roumains est le même que celui des gens du voyage français. Comme en France il s’agit d’une minorité discriminée et persécutée depuis des siècles… Il faut savoir que pendant plus de 500 ans les Roms ont été esclaves. Pour ceux qui s'intéresseraient à l'Histoire, je vous conseille la lecture de cet article qui a été publié dans la revue « études tsiganes ». Revue dirigée par Alain REYNIERS, ethnologue. http://www.etudestsiganes.asso.fr/tablesrevue/PDFs/vol%2029%20esclavage%20des%20rroms.pdf Pendant la guerre froide et l’édification du mur de fer sous les régimes communistes ils ont été sédentarisés dans les fermes collectives et manufactures d’état pour y travailler… Pour ce qui concerne la Roumanie et depuis la chute du régime de Ceausescu, les Roms ont été chassés et privés de terre… Chassés, privés de travail et de terres pour survivre… que reste-t-il d’autre que la fuite et le rêve d’une vie meilleure ? Bon nombre d’entre eux ont naturellement repris le voyage.

Voilà juste quelques propos pour parler de la réalité qu'il faut apprendre à connaître. Encore une fois il ne s’agit pas de faire de l’angélisme… Des problèmes, il y en a … et parfois de très gros. Mes propos visent juste à rappeler aux esprits qu’il y a aussi énormément d’injustice et d’hypocrisie dans nos sociétés européennes… Tout ça n’est pas simple certes, il faut parler avec sérieux et discernement de ces sujets… Mais il ne faut pas se voiler la face devant le racisme, l’intolérance… et la résistance de nos sociétés à faire progresser certains droits. Car aujourd’hui c’est bien de cela qu’il s’agit, faire progresser les droits des minorités. En aucun cas mes propos visent à nous rendre coupables de l’histoire ou y comparer l’actualité. Aujourd’hui, les populations nomades sont visées (encore), mais elles ne sont de loin pas les seules… En Europe nous avons quelques problèmes non résolus avec notre histoire… Ce sont certainement ces problèmes de notre histoire qui créent des ségrégations et discriminations entre groupes de citoyens minoritaires que l’on veut catégoriser… et je pense qu'il n’est pas bon de vouloir créer un droit pour chacune des catégories. A mon sens, le droit doit être universel, et quand il progresse, il doit progresser pour tous... le problème c'est que le droit a pris pas mal de retard pour certains de nos concitoyens. Ainsi, au moins intellectuellement, il serait temps que l’Europe (et les Nations qui la composent) fassent un amalgame entre gens du voyage et Roms. L’espace européen est un espace de libre circulation et il n’y a aucune raison pour que la mobilité décroisse. L’itinérance des populations nomades fait partie intégrante de ce droit à la libre circulation.

Pour ceux qui voudraient prendre le temps d’un peu de recul je conseille vivement la lecture du courrier international du 19 août http://www.courrierinternational.com/magazine/2010/1033-xenophobie-la-france-epinglee-par-la-presse-internationale

Je termine par ces mots empruntés à Gandhi « voir un problème et ne rien faire, c’est faire partie du problème ». Et j’ajouterai « essayer de comprendre le problème, c’est déjà faire quelque chose ».
  
Ces propos sont un avis personnel forgé au fil du temps et de ma curiosité à mieux connaître les cultures tsiganes. Il est certainement incomplet, et comprend peut être des erreurs. C’est simplement mon témoignage.

Nos élus et le droit des minorités

Quelques brèves de couloirs entendues dans diverses instances consultatives sur l'accueil des gens du voyage en France (dénomination administrative de minorités dont le mode de vie est le voyage)... disons les nomades.

L'obligation d'accueil des populations nomades dans les communes françaises:
  •  un représentant des gens du voyage interpellant un maire: Monsieur le Maire, il y a des familles qui viennent régulièrement dans votre commune depuis plus de 50 ans. Elles sont d'ici ! Vous n'avez toujours pas de place désignée pour leur permettre de séjourner dignement. Quand prendrez vous vos responsabilités et appliquerez vous la loi pour ces familles?
  • le Maire de la commune: Monsieur, vous savez comme moi que pour nous, petite commune, ce n'est pas simple. Nous avons peu de moyens pour acheter du terrain, nous en avons déjà parlé. Pour tout vous dire ça fait 15 ans que nous cherchons 10 ares de terrain pour agrandir le cimetière et nous ne trouvons pas parceque les terrains sont trop chers. Alors comprenez nos contraintes, c'est pas qu'on ne veut pas faire quelquechose pour les gens du voyage, mais si on arrive à acquérir 10 ares de terrain on agrandira d'abord le cimetière.
Faux Monsieur le Maire. La loi de juillet 2000 donne obligation à toutes les communes de plus de 5 000 habitants à aménager une aire d'accueil pour les gens du voyage. Celle-ci doit être équipée de façon à accueillir les populations de façon décente. Les circulaires d'application de la loi sont précises sur le niveau d'équipement à prévoir, les modalités de gestion et les obligations des voyageurs. Si vous ne pouvez trouver de solution sur votre ban communal, la loi vous incite à mutualiser les moyens et rechercher des solutions à l'échelle de votre intercommunalité. Quand à votre problème de cimetière, Monsieur le Maire, la règlementation du droit de l'urbanisme vous permet de le prévoir en inscrivant un emplacement réservé à votre PLU (document d'urbanisme régissant le droit des sols). Ceci doit même vous permettre le cas échéant de déclarer l'affaire d'utilité publique et d'engager les procédures d'expropriation.

De la nécessité d'adapter les durées de séjour sur les aires d'accueil:
  • un père de famille: Monsieur le Maire, vous nous reprochez de ne pas mettre nos enfants à l'école, mais sur votre aire d'accueil vous avez limité la durée de stationnement à 1 mois. Après vous nous chassez ! Comment voulez que nos enfants apprennent à lire et à écrire si nous ne pouvons pas nous arrêter plus longtemps à la saison hivernale?
  • le Maire: il ne faut pas faire d'amalgame, les aires d'accueil sont prévues pour ceux qui voyagent et demandent à stationner quelques temps sur la commune. Elles ne sont pas prévues pour que des familles s'y sédentarisent.
  • le père de famille: nous sommes tous des voyageurs, mais nous voulons que nos enfants puissent aller à l'école. L'hiver nous voudrions pouvoir rester plus longtemps sur les terrains pour que nos enfants n'aient pas besoin de changer tout le temps d'école. Quand les beaux jours reviennent c'est différent. On repart pour le travail et l'été on a les missions évangéliques tsiganes.
  • le Maire: Monsieur, je le redis. Il y a les gens du voyage et ceux qui sont sédentarisés. C'est deux choses différentes. Il ne faut pas mélanger. Ceux qui voyagent nous n'avons pas d'obligation de les accueillir dans nos écoles.
Faux monsieur de Maire. Article L-131-1 du code de l'éducation. Il est de la compétence du Maire de s'assurer que TOUS les enfants de parents résidants ou séjournants sur le ban communal répondent à l'obligation scolaire. Et l'instruction est obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans.

mardi 2 novembre 2010

Mobilités durables, de quoi rêve-t-on?

Aujourd’hui nous sommes de plus en plus nombreux à chercher à changer nos comportements énergétiques. Repenser nos mobilités fait partie de nos désirs d’une ville «  plus douce », et nous cherchons à imaginer des modes de déplacements durables. Mais de quoi rêve-t-on au juste ?

Un mode de déplacement durable est celui qui répond au besoin du plus grand nombre. Il doit être accessible à tous, facile d’utilisation, économique et efficient. Le mode de déplacement durable est donc un service, mais aussi probablement un bien commun dont chaque usager est en quelque sorte responsable.  Le mode de déplacement durable est-il unique ? Peut-il être gratuit ?

Nous voyons se développer une offre de déplacements « libre service » dans un grand nombre de nos villes, vélib’ vélov’ vélocité pour les deux roues, mais aussi les voitures en libre service, les pédibus, le taxi à la demande etc… Les expérimentations sont multiples et variées. Mais est-ce bien celles qui sont durables qui remportent l’adhésion du plus grand nombre ?

Je propose de m’attarder sur deux exemples de services. L’un que je connais pour le pratiquer : l’autopartage. L’autre pour le voir fleurir dans un grand nombre de nos villes : le vélib. Tous deux sont des services de mobilité en libre service. Mais attardons nous un peu sur leur fonctionnement, le besoin auquel ils répondent… et leur durabilité.

L’autopartage est la mise en commun d’une flotte de véhicule entre utilisateurs qui font le choix de se constituer en coopérative. Les coûts d’achat, d’entretien, d’assurance etc sont mutualisés. Chaque membre de la coopérative a accès à l’ensemble des véhicules de la flotte ainsi mise en commun. Pour que le système soit efficient, il faut une flotte diversifiée et équitablement répartie sur le territoire. Il faut une flotte facilement accessible par des modes de déplacements doux ou collectifs, puisque le principe de l’autopartage est de n’utiliser la voiture plus que pour les déplacements où l’usager ne peut faire autrement. Par exemple, j’habite une ville au sud de mon département. Je dois me rendre dans une commune au nord du département, sitée à 150 km. Cette commune est non ou mal desservie par les transports collectifs. Utilisatrice d’un service d’autopartage, je vais utiliser le réseau des TER (trains express régionaux) pour aller jusqu’à la ville située au nord du département et bien desservie en transports. J’aurai déjà parcouru 120 km. Les 30 km restant je les ferai avec l’une des voitures de la flotte d’autopartage. Dernière chose importante, l’utilisation du service me sera facturée au réel du temps d’utilisation et des kilomètres parcourus.  Je suis également responsable du bon usage du véhicule. C’est à moi de veiller qu’il reste suffisamment de carburant pour le prochain utilisateur et je dois ramener le véhicule à la station où je l’ai emprunté. Ce service a démontré son intérêt. Il a également démontré son impact sur le changement des comportements des usagers pour leurs déplacements quotidiens. Pour autant, aujourd’hui il est contesté par certains utilisateurs qui voudraient y calquer le modèle du vélib.

Qu’est-ce que le vélib ? Le vélib est un service de vélos en libre service financé par la publicité et les collectivités publiques. L’usager est libre d’emprunter un vélo dans n’importe quelle station et de le reposer là où ça l’arrange. Avant de se demander si un tel service est durable, demandons nous s’il est équitable. Imaginons que je sois utilisatrice d’un service Vélib et que j’habite sur les hauteurs de Montmartre ou des collines de Fourvière. Le matin pour aller travailler je gagne un temps fou à dévaler les pentes en vélo. J’abandonne mon vélo en bas de la colline dans une station vélib. La première ½ heure étant gratuite, je n’ai mis que 12 minutes à descendre, je ne serai pas facturée. Le soir intuitivement j’utilise le bus pour remonter la pente. Je mets peut être 19 minutes, ça me coûte peut être 1,40 €… mais c’est toujours mieux que 40 minutes à transpirer sur mon vélo. Si on s’en arrête là, on comprend vite que ce service n’est pas équitable vis-à-vis de ceux qui habitent aussi en haut de la colline mais sont ce jour là en congé et n’avaient par exemple besoin de descendre en ville qu’à 13h. A cette heure là il n’y a en théorie plus de vélo en haut de la colline, puisque les usagers préfèrent à juste titre utiliser le service de bus pour remonter ! Et maintenant, est-il durable ? A Paris pour garantir le bon équilibre des vélos entre les différentes stations, ce sont plus de 50 camionnettes qui circulent en permanence… Qui aurait envie de voir circuler en permanence des dizaines de camions dans nos centres villes pour rééquilibrer des stations de voiture libre service? Et pourtant, vu le succès du vélib,  aujourd’hui certains réfléchissent à mettre en place un tel service de voiture en ville. Encore plus préoccupante que les questions de savoir si un tel service serait durable ou équitable, je m’inquiète de voir qu’il irait à l’encontre de la réduction significative de l’usage de la voiture en ville. En effet, la quasi gratuité et absence de contraintes liées à l’utilisation des vélib à vu exploser les cyclistes dans nos villes et c’est au moins une bonne nouvelle. Mais développer le même service avec des voitures ne conduirait certainement pas les usagers à remettre en cause l’usage de la voiture en ville. Le seul moyen de faire changer les comportements sur ce point est de proposer un service contraignant et dont le coût est assumé par l’usager.

Si vous êtes utilisateurs de services de déplacements qui proposent une alternative à la voiture individuelle, je suis preneuse de vos expériences !

Bonne soirée aux lecteurs !