Mes sœurs les plantes,
Les compagnes des sources, les saintes
Que personne ne prie…
On les coupe et les voici sur votre table
Et dans les hôtels les clients au verbe haut
Qui arrivent avec des courroies et des plaides
Demandent « de la salade », négligemment…,
Sans penser qu’ils exigent de la Terre Mère
Sa fraîcheur et ses prémices,
Les premières paroles vertes qu’elle profère, les premières choses vives et irisées
Que vit Noé
Lorsque les eaux baissèrent et que la cime des monts
Surgit verte et détrempée
Et que dans l’air où apparut la colombe
S’inscrivit l’arc en ciel en dégradé
- Fernando Pessoa – « Le gardeur de troupeau »
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