dimanche 26 septembre 2010

Architectures d'ombres et de lumières

Les Incas furent de tous les peuples précolombiens ceux qui accordèrent la plus grande place au soleil. A tel point que les récits sur leurs origines les présentent comme les "fils du Soleil" (Inti). Il est fabuleux de visiter ces ruines au lever ou au coucher du soleil. Jeux d’ombres, jeux de lumières… il se dégage quelque chose de magique de ces édifices. La forteresse de Sacsayhuaman sur les hauteurs de Cusco est une des plus remarquable d’Amérique latine.


samedi 25 septembre 2010

Petite leçon d'architecture

Extraits « Voyages dans l’Amérique équinoxiale » - Alexandre de Humboldt

« Ce qui caractérise surtout les monuments de l’architecture péruvienne, c’est la forme des portes, qui avaient généralement 19 à 20 décimètres d’élévation. Les jambages de ces portes n’étaient pas parallèles, mais inclinés, sans doute pour que l’on pût employer des linteaux de pierre d’une moindre largeur. Les niches (hocos) pratiquées dans les murs, et servant d’armoires, imitent la forme de ces porto rastremate. Entre les hocos se trouvent des pierres cylindriques, à surface polie, qui saillent hors du mur, à cinq décimètre de longueur : les indigènes nous ont assuré qu’elles servaient à suspendre des armes où des vêtements. On observe en outre, dans les encoignures des murs, des traverses de porphyre d’une forme bizarre. M. de La Condamine croit qu’elles étaient destinées à lier les deux murs : j’incline plutôt à croire que les cordages des hamacs étaient attachés autour de ces traverses. [...] Les péruviens ont montré une habileté étonnante à tailler les pierres les plus dures. Je commençai à douter que les péruviens n'eussent connu d'autres outils que des haches de caillou; je soupçonnai que le frottement n'était pas le seul moyen qu'ils avaient employé pour aplanir les pierres ou pour leur donner une convexité régulière et uniforme: j'embrassai dès lors une opinion contraire aux idées généralement reçues, je supposai que les péruviens avaient eu des outils de cuivre, qui mêlé dans une certaine proportion à l'étain, acquiert une grande dureté. Cette supposition s'est trouvée justifiée par la découverte d'un ancien ciseau péruvien trouvé à Vilcabamba, près de Cusco, dans une mine d'argent travaillée du temps des incas ».


El Museo de Arte Precolombino


El Museo de Arte Précolombino… Une muséographie épurée, mais surtout un fabuleux voyage au cœur des civilisations précolombiennes. La collection est mise en valeur par des citations d’ethnologues, écrivains, poètes, artistes.







L’occasion d’apprécier à quel point l’art précolombien a été source d’inspiration et de créativité pour bon nombre d’artistes européens. D’ailleurs la preuve par l'exemple… ça ne vous fait pas penser à quelque chose ?


vendredi 24 septembre 2010

Perrette et le pot au lait


Perrette, sur sa tête ayant un pot de lait bien posé sur un coussinet, prétendait arriver sans encombre à la ville. Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, ayant mis ce jour-là, pour être plus agile, cotillon simple et souliers plats.

Notre laitière ainsi troussée comptait déjà dans sa pensée tout le prix de son lait; en employant l'argent ; achetait un cent d'oeufs, faisait triple couvée… La chose allait à bien par son soin diligent.
« Il m'est, disait-elle, facile d'élever des poulets autour de ma maison; le renard sera bien habile s'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon. Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ! Il était, quand je l'eus, de grosseur raisonnable… J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon ! Et… qui m'empêchera de mettre en notre étable, vu le prix dont il est, une vache et son veau, que je verrai sauter au milieu du troupeau? »

Perrette, là-dessus, saute aussi, transportée !!!!



… !?! … !?! …

Le lait tombe … !?! Adieu veau, vache, cochon, couvée … !?!
La dame de ces biens, quittant d'un oeil marri sa fortune ainsi répandue, va s'excuser à son mari, en grand danger d'être battue…

Le récit en farce en fut fait ! On l'appela le pot au lait.

- Fable de Jean de La Fontaine -


... Tout ça m'a terriblement donné envie d'essayer !!!! Je commence lundi ;-D

Pâtisseries baroques


... Ben oui, avouez quand même que ça ressemble à un gros gâteau dégoulinant de crème, de sucre et de fleurs en pâte d'amande. Bon d'accord, vous voulez la preuve par l'image ? Facile fastoche ! Là voilà !


... Alors ? Nous sommes bien d'accord n'est-ce pas?

Palimpseste

Un palimpseste ? C'est un parchemin que l'on efface pour y réécrire l'histoire. Parfois, quand on lève le palimpseste vers le soleil, on peut y lire les histoires anciennes... La ville de Cusco est un fabuleux palimpseste. Admirez la façade du Qoricancha !


Fabuleux métissage architectural, n'est-ce pas?

L'or des incas


Au XVème siècle, Pachacutec fait de Cusco la capitale d’un  vaste empire. Au début du XVIème siècle, alors que les espagnols débarquent en Amérique, l’empire incas est à son apogée. La réputation de richesse de l’empire était parvenue aux tribus amazoniennes. Le long du pacifique, dans les déserts, sur les rives des fleuves, les indiens ne parlent que des « maîtres des métaux ».

Au Panama et au Brésil, sitôt qu’ils y ont posé les pieds, les espagnols entendent parler de cet empire des merveilles. Ils en rêvent… Tous… L’un d’eux, Francisco Pizarro n’en rêve pas que le matin en se rasant ! Il ne songe qu’à trouver l’empire des merveilles... qu’à le conquérir !

15 novembre 1532, Pizarro plisse des yeux. La vallée de Cajamarca s’étend à ses pieds. Il touche au but. L’or du Pérou est à portée de main… Pizarro entre dans Cusco le 16 novembre.

Le fil de l’histoire aurait pu être celui-ci :

Extrait choisi « Bout de Bois »
Jean CAGNARD – Editions du Bonhomme Vert

« Bonjour, jeune homme ! Je ne vous salue pas ! Vous avez 45 260 jours de retard ! 124 ans ! C’est beaucoup. Vous êtes un insolent ! La prochaine fois, hop, puni, 45 260 coups de bâtons. Qu’est-ce que vous voulez savoir !
Vous voulez tout savoir vous voulez rien savoir
Sacré bavard !
Je vous dis tout je vous dis rien
Sacré vaurien !
Arrêtez de parler arrêter de vous taire,
Levez la main, mangez du foin,
Apprenez vos leçons, commencez à braire,
Prenez vos cahiers direction les waters,
Début de l’année fin de la récréation
… Cours de longueur d’oreilles, couleur du cheval blanc…
Peut mieux faire roulez vous par terre
Un peu de silence toujours les mêmes
Examen final moyenne de cochon
Continuez comme ça arrêtez tout
Qu’est-ce que vous voulez savoir ? »

Pizarro aurait certainement été impressionné… Il aurait très probablement rebroussé chemin !

Mais il en fut autrement… Pizarro, à l’ombre d’une bâtisse observe le cortège impérial. Il évalue ses chances. Il sait que les indiens arrêtent de se battre lorsque leur chef est tué ou prisonnier. Tandis que le cortège s’est arrêté, Pizarro fait signe au père dominicain Vincente Valverde. Ce dernier s’approche de l’Inca et lui tend une bible. Il la prend, l’observe, puis la jette à terre. Sacrilège ! Pizarro sort son épée du fourreau et ordonne l’assaut. L’inca est fait prisonnier en une poignée de temps. Hélas, l’Inca devait être bien assommé … ou drogué ?... Allez savoir ! Toujours est-il qu’il propose aux espagnols une forte rançon en échange de sa liberté. Il affirme pouvoir faire remplir d’or et d’argent une pièce de vingt pieds de hauteur et dix huit de largeur. Serein, Pizarro accepte… sans même lever le petit doigt, il vient de gagner le Pérou !

Cusco - le nombril du monde

A Cusco, nous sommes attendus dans une famille. Nous sommes impatients de lier cette nouvelle amitié. A notre arrivée, la maisonnée est en effervescence. Quorianka, haute comme trois pommes, est très excitée par la venue de ces étrangers… Qui sont-ils ? A quoi ressemblent-ils ?

« Extraits d’une conversation en soupe universelle » :

-          Holà, somos Melanie y Patrick
-          Holà amigos ! Como estan ?
-          Biene, mucho gracias
-          Soy Koen, je parle le français. Esta Rosa Maria, mi esposa, sie spricht ein bischen deutsch
-          Kommen!
      Ein bischen aleman, un poco frances y un peu espanol… la soupe est bonne !
-          Quorianka ! amigos llego.
      Quorianka, même pas 3 ans, descends les escaliers.
-          Holà somos Melanie y Patrick. Y tu, que nombre ?
-          Son blancos !!!
-          … !?! …

« La première fléchette se planta dans un sac de farine. Un nuage blanc tomba sur Oum-Platichotte. Et Oum-Popotte se dit qu’avec un ami comme ça, il avait bien de la chance. »
Extrait - « Le chien invisible » - Claude PONTI – Editions l’école des loisirs

La petite princesse croyait que comme nous étions blancs, nous étions ses grands parents venus d'Europe.

Nous passerons le reste de l’après midi à nous amuser avec les marionnettas… jeu moins risqué que les fléchettes !

Au fait, il est où le nombril du monde ? Pour les Incas il était à Cusco.

mardi 21 septembre 2010

Sur la route du nombril du monde




Touristes ou voyageurs ?

Aujourd’hui, petite trève… Le temps de se poser au « BarAtteint » pour réfléchir un peu sur le désir d’aventures. Mais pas n’importe lesquelles, celles que tout le monde aujourd’hui qualifient de responsables, équitables, durables et autres garnitures. Cette question, nous nous la sommes posée avant de partir… mais aussi pendant. Comment être équitables, responsables ?

Michel ONFRAY nous explique dans son livre (déjà cité précédemment) la différence entre le touriste et le voyageur. Le touriste est celui qui compare. Pour le caricaturer c’est celui qui sans cesse répète « au moins chez nous on a du bon vin et du bon pain ». Je caricature, évidemment ! Parce que blague à part, c’est vrai que chez nous aussi on a du bon vin ! Toute la différence entre le touriste et le voyageur, c’est que le premier va dire « au moins » et le second « aussi »… C’est complètement différent ! Le touriste, c’est le vacancier si brillamment décrit par Jean Claude GRUMBERG dans sa pièce de théâtre intitulée « les autres ». Une écriture drôle et cruelle. Lecture fortement recommandée à tous ceux qui veulent réfléchir au sujet tout en s’amusant… à tous ceux qui n’ont pas peur non plus de se regarder dans un miroir… car il y a un peu de ça dans chacun de nous. Au contraire, le voyageur est en quête. Il cherche à comprendre, à apprendre. A apprendre sur le monde, mais aussi sur soi. Il voyage non pas pour changer de lieux, mais pour changer de repères. Le voyageur est celui qui sépare.

Alors touristes où voyageurs ? Un peu des deux nécessairement.

Petits travaux pratiques :
Quand nous visitons les îles Uros, inévitablement nous sommes touristes. Souvenez-vous : « pour les besoins du tourisme les habitants des îles continuent à se dire Uros…». Nous sommes captifs d’un système bien organisé. En prenant conscience des contradictions de ce système, on devient touriste voyageur. Puis on compare, ce « tourisme d’attraction » existe aussi dans notre pays. Certains centres villes hyper touristiques par exemple. Ne vous est-il jamais arrivé dans vos villes ou vos villages de croiser des commerçants, restaurateurs ou autres riverains en « costumes traditionnels » pour les besoins du tourisme ? Je compare, je suis touriste. A la différence que si je sépare, je comprends que dans nos villes hyper touristiques on y efface la misère des hommes. Ce n’est pas vendeur la misère dans notre pays. Pour les besoins du tourisme, certains maires prennent des arrêtés d’interdiction de mendicité… Sur les îles Uros, c’est complètement différent, la précarité est vendeuse. Pourquoi ? Pourtant bon nombre de touristes en quête de vacances ensoleillées et bon marché applaudissent des deux mains les maires de nos villes qui prennent des arrêtés d’interdiction de mendicité. Tout ça est très compliqué. Il faut vivre avec nos paradoxes. Bien évidemment, le tourisme organisé sur les îles Uros est créateur d’emplois… et c’est important. Mais voilà, comme dans tout système il y a des contradictions parfois bouleversantes. Et comme dans tous systèmes, il y en a qui restent exclus. Le schéma utopique serait celui où chacun trouve enrichissement dans la rencontre et l’échange.

Psst, pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué ce message est publié dans la rubrique « BarAtteint ». Alors toutes les idées sont les bienvenues ! Pour les novices, il faut cliquer sur commentaires et y laisser son idée !!!

Pour s’y retrouver dans le jargon technocratique du tourisme labellisé « bon pour la planète » http://www.eveil-tourisme-responsable.org/definition-tourisme-responsable.php  Vous remarquerez que les technocrates parlent de tourisme responsable… et non de voyage.

Et pour finir une petite page de pub :
Voilà une expérience de tourisme durable qui semble bien intéressante, captivante, dépaysante et tout ce dont on rêve pour un voyage entre amis ou en famille !!! Foncez surfer sur ce site !!! http://ase.voila.net/frame_menu.htm. C’est au Chili et c’est « Art Sport et Entraide ». Nous avons des amis qui y mouillent leur chemise et ça vaudrait le coup de les soutenir !

Pour les amateurs d’aventures, je vous réserve une autre page de pub pour des aventures en territoire Queros… mais patience… Stratégie de fidélisation des lecteurs ;-D.

… et le voyage dans tout ça ? Eh bien notre voyage se poursuivra encore quelques jours vers des destinations touristiques. Le temps de poursuivre notre acclimatation à l’altitude avant d’attaquer d’autres aventures.

Oui, je sais… « et les photos alors, tu nous les montres ou pas ? » Minute, ça vient !! Embarquement immédiat pour « le nombril du monde » !

samedi 18 septembre 2010

Taquile - On n'aime pas les banquiers par ici !

Taquile la tranquille… Cette île est réputée pour ses textiles. A Taquile, tout le monde tricote ou tisse. Les habitants de l’île se sont organisés pour gérer eux-mêmes toutes les activités liées au tourisme. L’ensemble de l’artisanat est déposé à la coopérative située au centre du village. Chaque artisan y dépose son art et en fixe son prix… dès votre arrivée sur l’île on vous prévient que les prix ne se négocient pas ici. Les comptes sont tenus par la coopérative qui reverse l’intégralité de la vente aux artisans. On n’aime pas les banquiers par ici !


Extraits choisis « Bout de Bois »
Jean CAGNARD – Editions du Bonhomme Vert

« Une porte s’ouvre, un banquier sort, ostensiblement riche, recouvert d’or
-          Chère madame, combien la baguette magique ?
-          Pas à vendre.
-          Trois millions, quatre ? Dix, douze ? Vingt, cent ? Mille, cent mille ? Je me présente Geppetto Collodi, marchand de la galaxie, première fortune du royaume. Alors chère madame, combien la baguette ?
-          Faites moi disparaître ce charlatan !
D’un coup de baguette magique exit le banquier… »

Il n'y a rien à en dire...














Des plantes qui parlent

Extraits choisis « Cher amour »
Bernard GIRAUDEAU aux éditions Métailié

« Il y a peu, une équipe de recherche a voulu en savoir plus sur la pharmacopée des indiens. Ils ont demandé aux shamans comment ils pouvaient reconnaître la bonne plante sans l’expérimenter sur les hommes et faire quelques dégâts. Les shamans ont répondu : on n’a pas besoin de tuer des animaux ou des gens pour savoir si une herbe ou une racine est efficace. Alors, comment faites vous ? Nous nous asseyons devant la plante choisie, en silence, le temps nécessaire, et elle nous parle ».

Celle-ci est l’Ortica et elle soulage les rhumatismes. J’en profite pour vous donner la recette du mate préparé par Marta contre le soroche qui ne m’a pas encore oublié. 3-4 feuilles de Cocca, un petit brin de Mounia… à laisser infuser dans de l’eau très chaude… et à boire sans modération. J’emporte un brun de Mounia dans ma poche, pour me le mettre sous le nez quand la migraine me reprendra. C’est qu’il s’agit de ne pas trop traîner. Nous avons rendez-vous au temple de la Pacchamama pour admirer le coucher du soleil sur le lac.

Un p'tit coin d'paradis

Il était une bergère, et ron et ron petit patapon... Il était une bergère... Qu'aimait bien ses moutontontons... Qu'aimait bien ses moutons !

Amantani - On n'aime pas les pirates par ici !


Amantani est un petit coin de paradis. Sur cette île il n’y a ni hôtels, ni campings, ni restaurants… pas de marchands de glaces, pas de taxis… Juste une île et ses habitants. Une dizaine de communautés vivent ici. Dès lors que l’on accoste à Amantani, nous ne sommes jamais nulle part… mais toujours sur les terres de quelqu’un… A l’étranger de s’en souvenir... On n’aime pas les pirates par ici !

Extraits choisis « Bout de Bois »
Jean CAGNARD – Editions du Bonhomme Vert

« Les capitaines Nocchio et Pino débarquent de derrière la dune, créatures entre poisson et corsaire, statures imposantes, ombres gigantesques…


-          Qu’est-ce que tu viens faire part ici,petit ?
-          C’est l’île du capitaine Nochio ici.
-          C’est l’île du capitaine Pino ici.
-          Tu ne réponds pas ?
-          Tu ne réponds pas ?
-          Faut pas m’énerver.
-          On n’aime pas les pirates par ici.
-          Les pirates pétroliers, faut pas m’énerver.
-          Les pétropilates
-          Les piropitraliers
-          Les pitrorateliers
-          C’est l’île du capitaine Nochio ici !
-          C’est l’île du capitaine Pino ici ! »

Sur la plage on nous attendait. Très vite on nous présente notre famille adoptive… Marta nous invite dans sa maison et nous fait découvrir son p'tit coin d'paradis.


De l'autre côté de l'océan ...

Extraits choisis « Bout de Bois »
Jean CAGNARD – Editions du Bonhomme Vert

« Le jour se lève. On découvre lentement le monde. Le radeau est échoué sur une plage. On comprend à son état qu’il ne repartira plus. Pourrait même plus traverser un évier : chères aventures… »

« Enroulé dans ce qu’il reste de voile, Bout de Bois dort le plus longtemps qu’il peut. Peut-être parce que c’est une plage un peu particulière. Peur d’ouvrir les yeux. En effet, horreur, il y a une salle de classe installée sur le sable : des tables d’où dépasse du foin, des chaises, un tableau avec un  râtelier à foin sur lequel est dessiné un âne… sur quelle île sommes-nous donc ? »

« Mais il y a des affrontements qu’on ne peut retarder plus longtemps »

Petite leçon de mémoire :
Les Uros sont un peuple nomade qui s’est réfugié sur le lac Titicaca. Ils vivaient de la pêche… avec pour seuls ports leurs îles flottantes construites de roseaux (la totora). Les Aymaras les surnommèrent les « hommes du lac » et les considéraient comme des voleurs et des paresseux. On raconte que lorsque les incas établirent leur domination dans la région, ils commencèrent par déplacer les Uros vers d’autres terres. Mais découragés par leur « incapacité à travailler la terre», ils finirent par les « parquer » dans leurs îles d’origine. Ce peuple s’est éteint durant la première moitié du XXème siècle (la dernière survivante est morte en 1959).

Et pourtant ces îles semblent aujourd’hui encore peuplées ! Qui sont ces hommes, ces femmes et ces enfants ? Les indiens qui vivent aujourd’hui sur les îles flottantes sont des descendants métissés d’Uros, d’Aymaras et de Quechua. Le maire de Puno a invité les habitants des îles a venir « s’amarrer » dans la baie de la ville… Pour les besoins du tourisme, les habitants des îles continuent aujourd’hui de se présenter comme des Uros…

La visite de ces îles nous procure un sentiment étrange, à la fois charmés par ces images connues du monde entier… et bouleversés par ces hommes, ces femmes et ces enfants prisonniers d’une culture aujourd’hui éteinte. Nous apprendrons aussi que les eaux de la baie sont polluées, que les poissons deviennent rares et que l’eau n’est plus potable… Les mots de Michel ONFRAY résonnent dans ma tête « au commencement du nomadisme, on rencontre la sédentarité »… Les habitants des îles reprendront-ils un jour le voyage ? Contrainte ou liberté ?

Conter le voyage

Extraits choisis « Cher amour »
Bernard GIRAUDEAU aux éditions Métailié

« Ce qui suit vous est conté, madame T, ma chère, irremplaçable madame T. Je ne sais où vous serez, mais je devine déjà votre intérêt pour ces voyages, ces mots, ces aveux parfois. […] Je soupçonne votre sourire à certains passages, votre joue légèrement froissée, appuyée sur votre main, l’autre tournant lentement les pages, sans voracité, laissant un doigt sous la précédente comme si vous alliez la relire, mais que vous abandonnez pour la suivante. […] Ces voyages sont des récits au pays des hommes. Voyager, on n’en revient jamais. Je vous écris pour prolonger l’instant, garder une trace, tordre le cou à la fugacité, à l’oubli. […] Je ne vous écris pas ces voyages par nostalgie de l’exotisme, d’un ailleurs rédempteur, mais pour retenir des instants, des visages, des circonstances humaines et géographiques parce que là où le soleil se lève les hommes ont le même souci de vivre, de comprendre, de sourire à l’autre, d’effacer la souffrance et de donner un sens à leur existence. […] Le voyage est une aube qui n’en finit pas. Comme Jim Harrison, je trouve que c’est beau, l’aube, les aubes du monde. […] Le bonheur du voyage c’est de faire tout pour la première fois ».

S’il y a un instant que je souhaite retenir, c’est celui de notre arrivée au Pérou. J’ai toujours trouvé étrange de passer une frontière. La frontière symbolise le passage… et bizarrement depuis notre départ nous n’en avons pas fait l’expérience. Nous avons survolé l’océan pour arriver directement dans un pays. C’est comme ça que l’on voyage aujourd’hui. En sautant d’un point à un autre. Cadeau du destin, c’est à pieds que nous devrons passer la frontière entre la Bolivie et le Pérou. A quelques centaines de mètres de la frontière on nous demande de quitter le bus. Il nous rejoindra de l’autre côté de la rive. Nous quittons donc la Bolivie en montrant pattes blanches, et empruntons un pont piétonnier. Plus en Bolivie, et pas encore au Pérou. Nous sommes sur la frontière. Curieusement, au Pérou nous arrivons directement dans une rue. Il ne semble pas y avoir de barrière ou de douaniers. Il faut pourtant certainement nous annoncer aux autorités avant de regagner le bus. Où est-il d’ailleurs ?... Aucun bus. Nous cherchons des visages connus et suivons le mouvement de ceux qui sont habitués à passer cette frontière. Après quelques formalités administratives dans un bureau qui nous semble être d’un autre temps, nous retournons dans la rue. Le bus nous y attendait … Impossible de dire par où il était arrivé…

vendredi 17 septembre 2010

Elles ont gagné le pérou !!!

« Gagner le Pérou » expression qui veut dire « s’enrichir » et fait référence à l’or des Incas… mais nous aurons l’occasion d’en reparler. En attendant elles sont 2 à avoir gagné le gros lot !

- Amélie, pour être la première à s'être inscrite membre du blog ... 1 bouteille de riesling bien frais !
- Tili, pour être la première à y avoir posté un message... 1 munster bien fait !

Alors… vous avez deviné où nous sommes ?

Le lot de consolation sera pour Solenn qui croyait que nous étions encore au Pérou… Un paquet de braedele pour Noël !

… Eh non, nous ne sommes plus au Pérou, mais rentrés depuis plus d’un mois… Si toutefois on peut revenir d’un voyage. Comme le dit si bien Nicolas BOUVIER « on croit que l’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. […] On ne voyage pas par exotisme, mais pour que le voyage nous rince ».

Ce voyage, on vous le conte avec un peu de retard … mais toujours le même émerveillement.

Dites, je viens de découvrir un truc... Le blog tient des statistiques précises. Alors voilà la géographie des lecteurs: 229 français, 10 américains, 8 canadiens, 7 péruviens, 2 suisses, 2 allemands et 1 belge ...! Eh bien dites donc, ça fait du monde! Heureusement que j'ai décidé de signer tous mes message "ElleEstTropTinette" (en gras s'il vous plaît) pour que ça me donne un air important... Je suis un peu moins intimidée comme ça!

Bienvenue aux inconnus alors !

jeudi 16 septembre 2010

Gagner le Pérou !

L'accueil en fanfare de ce gamin nous donne des ailes! Nous quittons La Paz dès le lendemain pour gagner le Pérou. L'occasion de découvrir les paysages de l'altiplano.

Aaah... La musica !

La Paz, ville gigantesque où la vie s’anime à chaque coin de rue. Circulation dense et bruyante, couleurs vives… Nous sommes en Amérique latine ! Prendre quelques repères et s’habituer à ce nouvel environnement. Rien de tel pour y parvenir que de déambuler dans les rues. Mais très vite la Pacchamama, comme pour nous souhaiter la bienvenue, nous rappelle notre faiblesse. Le soroche (mal d’altitude) s’abat sur nous… Il nous faudra pendant les prochains jours ralentir le rythme… En même temps, n’est-ce pas une douce vengeance envers des étrangers qui ont eu la prétention de vouloir traverser l’océan en une poignée d’heures ? Au détour d’une rue étroite, nous trouvons le musée de la musique. Nous poussons la porte de cette charmante demeure et entrons dans la cour. Il y règne une circulation impressionnante de gamins sur leurs tricycles et vélos. Nous nous plantons dans la cour et essayons d’expliquer, de notre espagnol balbutiant, à la jeune femme que nous voudrions visiter le musée. Mais il y a tant de bruit que nos oreilles encore mal habituées aux mélodies espagnoles ont du mal à comprendre. C’est comme si l’on se trouvait dans un énorme embouteillage !

Et c’est là que nous réalisons que nous gênons le passage des tricycles et vélos… les gamins hurlent « tut tut » et « poët poët » !!! D’un bon nous nous déplaçons… la circulation reprend… et la jeune femme nous indique l’entrée du musée. ... ... ... A l’étage, je me retrouve devant un instrument de fortune. Un cadre de bois auquel sont suspendus par des cordes des bouteilles de verre, plus ou moins remplies d’eau. Il y a un bout de bois, je m’en empare et teste la gamme. Do, ré, mi, fa sol, la, si, do. Après un temps de réflexion, je me jette à l’eau et improvise « Frère Jacques » sur cet instrument de fortune. Une fois, deux fois… et la troisième fois avec un  peu plus de rythme et d’assurance… Tiens, la cour devient calme, les gamins ont cessé leur jeu… Y aurait-il un incident de circulation ? Je me retourne et jette un œil à la cour… Un gamin hilare entonne « Frère Jacques » en espagnol ! ... !!! Ah la musica !